Cas cliniqueNous rapportons l’observation d’un homme de 78 ans, agriculteur, coronarien, sous corticoïdes et porteur d’une hypogammaglobulinémie, présentant après la chirurgie d’un nodule chronique de la face palmaire du pouce droit, une dissémination loco-régionale cutanée sous forme de nodules rouges, inflammatoires et douloureux associés à un trajet lymphangitique inflammatoire. Une antibiothérapie anti-staphylococcique ne permettait aucune amélioration et des pustules apparaissaient au niveau du pouce opéré. L’examen microscopique de la culture du pus permettait d’identifierPaecilomyces lilacinusconfirmé par biologie moléculaire (séquençage de la région D1/D2 de l’ADN ribosomal 28S). L’analyse histologique et la mise en culture des nodules du bras étaient compatibles avec une atteinte fongique profonde àPaecilomyces. L’évolution était favorable sous voriconazole, substitution de l’hypogammaglobulinémie et diminution progressive de la corticothérapie.DiscussionLa revue de la littérature retrouve une centaine d’observation depuis 1964 dont une trentaine d’atteinte cutanée.Paecilomyces lilacinusest un champignon filamenteux ubiquitaire saprophyte retrouvé dans le sol, la végétation, comme contaminant de l’air, voire de solutions d’humidification. Il est considéré comme un pathogène opportuniste émergent responsable d’infections oculaires (post-implantation, port de lentilles ou chirurgie), sur matériel (prothèses cardiaques, cathéter de dialyse péritonéale), cutanéo-muqueuses ou disséminées chez des patients principalement immunodéprimés mais aussi chez des patients immunocompétents.Le traitement, difficile, peut faire appel à la chirurgie et à un antifongique spécifique. La restitution du système immunitaire semble essentielle au succès thérapeutique et le voriconazole le traitement le plus efficace. La place des nouveaux triazoles, actifin vitro, reste à définir.