ContexteLe chikungunya peut être grave chez le patient diabétique de type 2. De plus, le chikungunya à sa phase aiguë peut déséquilibrer la glycémie et compliquer le diabète. Par contre, les conséquences de l'infection sur l’évolution à long terme des anomalies glycémiques restent à ce jour méconnues. Nos objectifs étaient d'estimer les risques incidents d'aggravation des profils glycémiques chez des sujets non diabétiques exposés au chikungunya.MéthodesUne cohorte historique en population de sujets adultes évalués avant (1999-2000) et après (2006-2009) une épidémie de chikungunya survenue en 2005-2006 a été utilisée. Selon les critères de l’« American Diabetic Association », les participants ont été classés normoglycémiques, prédiabétiques ou diabétiques. Les sujets évalués pendant l’épidémie, les diabétiques prévalents ou pour lesquels le statut infectieux ne pouvait être précisé ont été exclus. Les risques relatifs ajustés (RRa) associés à l'exposition confirmée sérologiquement au chikungunya ont été estimés dans des modèles de Poisson pour issue binaire ajustés sur l'âge, le sexe et l'indice de masse corporelle, puis stratifiés sur l'hémoglobine glyquée à l‘inclusion. Les sérologies manquantes ont fait l'objet d'une imputation multiple.RésultatsParmi 3087 participants, 2645 sujets non préalablement diabétiques ont été classés selon l’évolution de leur profil glycémique, dont 949 avaient un résultat sérologique connu (215 avec un chikungunya confirmé, 734 séronégatifs). Chez les sujets dont l'hémoglobine glyquée était supérieure à 5,0 %, valeur médiane à l'inclusion, le chikungunya confirmé sérologiquement était associé à l'aggravation de tous les profils glycémiques regroupés en un indicateur composite (RRa 1,20 avant imputation; 1,14 après imputation; p<0,05, respectivement), dont l’évolution de la normoglycémie vers le diabète (RRa 2,13 avant imputation; p<0,05, RRa 1,28 après imputation, p>0,05).Discussion/ConclusionNotre cohorte en population suggère que le chikungunya, cause d'inflammation chronique et de sédentarité, peut modifier le profil glycémique à long terme chez le sujet déjà à risque de diabète.Déclaration de liens d'intérêtsLes auteurs déclarent ne pas avoir de liens d'intérêts.