ContexteLes patients épileptiques sont prédisposés à l'anxiété et à la dépression. Nous visons à déterminer la prévalence estimée de ces comorbidités et à déceler les facteurs associés chez ces patients au Maroc.MéthodeUne étude transversale a été réalisée auprès des patients épileptiques adultes, ayant un diagnostic clinique d'épilepsie, dans les hôpitaux échantillonnés pour la région de Casablanca-Settat (juin-décembre 2021). Les patients ont été interrogés en remplissant un questionnaire recueillant les données sociodémographiques et cliniques. L'anxiété et la dépression ont été évaluées à travers l'échelle « Hospital Anxiety and Depression Scale ». Sur 21 points, un score ≥8 est en faveur de symptômes considérables de ces comorbidités. Les données ont été analysées par SPSS 21.0. Les valeurs P<0,05 ont été considérées comme statistiquement significatives et une régression logistique ou linéaire a été effectuée pour déterminer les facteurs associés.RésultatsCent quatorze (114) patients épileptiques ont été évalués. L'âge moyen était de 40,07±15,68 ans. Les scores moyens d'anxiété et de dépression étaient 7,78±3,64 et 6,69±3,95 respectivement. L'anxiété et la dépression ont été révélées chez 48,2 % et 35,1 % des patients respectivement. Démographiquement, l'appartenance à une classe sociale confortable réduit le score moyen d'anxiété (Bêta=-2,600; p=0,000). L'environnement urbain augmente celui de la dépression (Bêta=6,333; p=0,000). Les facteurs cliniques associés aux deux comorbidités étaient l'aura précritique (OR-dépression=2,899; p=0,011 OR-anxiété=3,499; p=0. 002), une fréquence mensuelle des crises (OR-dépression=6,500; p=0,005 OR-anxiété=7,292; p=0,003) et la polythérapie antiépileptique (OR-dépression=4,861; p=0,000 OR-anxiété=2,713; p=0,010). Les antécédents personnels (OR=4,317; p=0,004), l'épilepsie structurelle (OR=2,464; p=0,025), l'EEG anormal (OR=3,000; p=0,026) et l’épilepsie pharmacorésistante (OR=2,360; p=0,049) étaient des facteurs prédictifs de la dépression. L'anxiété était associée uniquement aux crises tonico-cloniques focales à bilatérales (OR=2,340; p=0,027).Discussion/ConclusionNous rapportons une prévalence élevée de la comorbidité psychiatrique dans l'épilepsie, soutenant l'hypothèse du lien bidirectionnel. Les facteurs associés trouvés sont importants pour le pronostic et la prévention. Nos résultats confirment l'importance de considérer l'aspect psychiatrique dans la prise en charge de l'épilepsie.Déclaration de liens d'intérêtsLes auteurs déclarent ne pas avoir de liens d'intérêts.