ContextePlus de 90 % des cas d'ingestions de corps étrangers en pédiatrie se produisent à domicile. Notre hypothèse était que le temps supplémentaire passé par les enfants à domicile durant la pandémie COVID-19 serait associé à une augmentation du nombre de cas d'ingestions de corps étrangers et leur sévérité. Nos objectifs étaient de comparer l'incidence d'ingestions pédiatriques de corps étrangers et le taux de cas sévères (hospitalisation, complications ou interventions par endoscopie) avant et pendant la pandémie.MéthodesToutes les consultations pédiatriques au CHU Sainte-Justine de Montréal pour ingestion de corps étrangers entre mars 2018 et février 2020 (pré-pandémie) ainsi qu'entre mars 2020 et février 2021 (pandémie) ont été incluses (n=614). L'incidence d'ingestions de corps étrangers a été calculée en rapportant le nombre de cas au nombre de visites aux urgences selon les périodes. Les différences entre les deux groupes ont été analysées par un test T de Student ou Chi-carré.RésultatsL’âge médian des patients était de 3,5 ans [(interquartile: 1,6-5,9); 54 % garçons]. Le nombre mensuel moyen de cas (min-max) durant la pandémie [20,0 (12-28)] était significativement plus élevé qu'avant la pandémie [15,5 (8-24)] (p=0,02). Le taux d'incidence a doublé, passant de 23,2 pour 10 000 visites aux urgences en pré-pandémie à 51,6 pour 10 000 visites pendant la pandémie (p=0,0002). Près d'un quart de la cohorte a dû être hospitalisé. Le taux d'hospitalisations (>1 jour) est resté stable entre les deux périodes: 6,95 % pré-pandémie et 7,08 % pendant la pandémie. Les taux d'endoscopies (21,3 %) et de complications (4,6 %) étaient similaires entre les deux périodes.Discussion/ConclusionL'incidence d'ingestions de corps étrangers au CHU Sainte-Justine a augmenté significativement durant la pandémie comparativement aux deux années précédentes. Les taux élevés de cas sévères, bien que stables durant la pandémie, témoignent de l'impact considérable des ingestions de corps étrangers en pédiatrie.Déclaration de liens d'intérêtsLes auteurs déclarent ne pas avoir de liens d'intérêts.