IntroductionLes données sur les blessés de la route proviennent des forces de l’ordre, mais souffrent, en France, comme ailleurs, de sous-enregistrement et de biais importants (sont moins enregistrés les moins graves, les motocyclistes, les cyclistes, les blessés dans un accident sans tiers, etc.). Dans le Rhône, un registre, basé sur les services hospitaliers, inclut les blessés hospitalisés et ceux traités aux urgences. Chaque lésion est codée dans une échelle traumatologique, l’« Abbreviated Injury Scale » (AIS), choisie par l’Union européenne pour définir le blessé grave « M.AIS 3+ » (au moins une lésion de gravité 3 ou plus).MéthodesLa coexistence des deux sources dans le Rhône permet, par capture-recapture, d’estimer des coefficients de correction des données des forces de l’ordre. Ceux-ci sont ensuite appliqués aux données nationales, constituant une standardisation indirecte sur les facteurs de biais d’enregistrement. Cela suppose une homogénéité des pratiques d’enregistrement des blessés sur le territoire français, par type de force de l’ordre (CRS/gendarmerie/police), toutes choses égales par ailleurs.RésultatsLe nombre de blessés toutes gravités est estimé à 260 000 en 2015 (versus 71 000 par les forces de l’ordre). Il se répartit en 210 000 sur un trajet privé, 38 000 en domicile-travail et 14 000 en mission. Le nombre de blessés graves (MAIS3+) est estimé à 21 000, et se décline en 6000 en voiture, 8300 à deux-roues motorisés, 4600 à vélo, 3100 piétons, et 600 autres. La part de blessés graves parmi l’ensemble des blessés est plus élevée chez les hommes que chez les femmes (plus grande prise de risque), et augmente avec l’âge (plus grande fragilité).Discussion/ConclusionCes estimations mettent en avant le grand nombre de blessés graves à deux-roues motorisés (alors qu’ils ne représentent que 2–3 % des kilomètres parcourus) et à vélo dans une moindre mesure. Ces deux catégories se retrouvent en nombre non-négligeable dans les accidents sur un trajet domicile-travail ou en mission.