État de la questionLe traitement du cancer du sein localisé fait intervenir les taxanes qui peuvent être à l’origine d’une neuropathie périphérique précoce. La persistance de cette neurotoxicité, très invalidante, est peu étudiée, particulièrement chez les patientes âgées.Matériel et méthodesNous avons réalisé une étude de cohorte historique incluant toutes les patientes âgées de plus de 65 ans traitées par taxanes entre 2001 et 2016 pour un cancer du sein localisé au Centre Paul Strauss. Le temps de participation était d’au moins deux ans. Nous avons estimé la persistance de la neurotoxicité deux ans après la fin du traitement, et recherché les facteurs de risque des neuropathies de grade 2 ou 3, classées selon les « Common Terminology Criteria for Adverse Events » par une régression logistique multivariée.RésultatsParmi les 302 patientes incluses, 21 % ont présenté une neuropathie persistante de grade 2 et 9 % une neuropathie de grade 3. Deux patientes sont décédées des complications d’une neuropathie de grade 3. Les facteurs de risque de neuropathie persistante étaient l’âge (p < 0,0001), l’indice de masse corporelle (p < 0,0001), la présence d’un diabète (p = 0,0093) et le type de taxane utilisé (p < 0,0001). La neuropathie était plus fréquente après paclitaxel qu’après docetaxel (p < 0,0001). Les patientes présentant les quatre facteurs de risque identifiés avaient un risque de 97 % de développer une neuropathie persistante alors que ce risque était de 2,2 % en l’absence de facteur de risque.ConclusionLa neuropathie persistante est un effet secondaire relativement fréquent et parfois sévère des taxanes. En présence de facteurs de risque, le recours à l’ancien protocole de chimiothérapie Cyclophosphamide-Methotrexate-5FU (CMF) pourrait se justifier chez les femmes âgées traitées pour un cancer du sein localisé.