ObjectifIdentifier et décrire les hospitalisations pour hépatite aiguë médicamenteuse en France.MéthodeÉtude cas–population de patients adultes admis pour une première hospitalisation pour hépatite aiguë médicamenteuse entre 2010 et 2014, réalisée à partir des données du Système national d’information interrégimes de l’assurance maladie (Sniiram). Les cas d’hépatites aiguës médicamenteuses ont été identifiés par les codes diagnostiques CIM-10 des résumés d’hospitalisations K71,1, 71,2, 71,6, 71,9 (atteinte hépatique toxique) et K72,0 (insuffisance hépatique). L’exposition des cas a été définie par une délivrance de médicaments dans un délai de 0–7 jours et de 7–60 jours précédant la date d’hospitalisation. L’exposition de la population a été définie à partir des données de l’échantillon représentatif au 1/97edu Sniiram (EGB) via le nombre de patients ayant eu au moins une délivrance de médicaments sur la période d’étude extrapolé à l’ensemble de la population. Le taux d’incidence ([IC 95 %]) d’hospitalisation pour hépatite aiguë médicamenteuse a été calculé en prenant en compte le nombre de patients exposés sur la période d’étude.RésultatsEntre 2010 et 2014, 4807 cas d’hospitalisation pour hépatite aiguë médicamenteuse ont été identifiés, 61,4 % présentaient une atteinte hépatique toxique et 38,6 % une insuffisance hépatique. Les caractéristiques générales des patients étaient : âge moyen (écart-type) de 54,5 (19,8) ans, 58,7 % de femmes et 47,8 % avec au moins une affection de longue durée (ALD). Dans les 7 jours précédant la première hospitalisation, les 10 produits les plus fréquemment délivrés étaient : paracétamol (18,7 %), phloroglucinol (6,6 %), dompéridone (6,0 %), ésoméprazole (4,5 %), ibuprofène (4,2 %), métopimazine (3,4 %), oméprazole (3,4 %), amoxicilline en association (2,6 %) ou seule (2,3 %), et codéine en association (2,6 %), la plupart étaient probablement associés au traitement des premiers symptômes hépatiques. Sur la période 7–60 jours précédant la première hospitalisation, les 10 produits les plus fréquemment délivrés étaient : paracétamol (31,1 %), ésoméprazole (10,4 %), oméprazole (8,5 %), phloroglucinol (6,5 %), dompéridone (6,2 %), amoxicilline en association (6,1 %), furosémide (5,9 %), atorvastatine (5,5 %), pantoprazole (5,1 %), et zolpidem (5,1 %). Parmi les traitements les plus fréquents, le taux d’incidence d’hospitalisation pour hépatite médicamenteuse par million d’utilisateurs sur la période 0–7 jours était le plus élevé pour la métopimazine 20,8 [17,6 ; 24,4] et la dompéridone 21,3 [18,5 ; 24,2], et sur la période 7–60 jours pour l’atorvastatine 63,5 [55,1 ; 72,7] et le furosémide 66,3 [57,6 ; 75,6].ConclusionCette étude basée sur les données de remboursement de soins en France montre l’étendue des traitements associés aux hospitalisations pour hépatite aiguë. Elle confirme les associations connues (paracétamol) et suggère la présence d’un biais protopathique probable pour les traitements gastro-intestinaux ou analgésiques plus fréquemment retrouvés sur la période de sept jours précédant l’hospitalisation que sur la période 7–60 jours. La présence de ce biais devra être confirmée par des analyses de sensibilité.