IntroductionLe taux de mortalité spécifique, est un indicateur de suivi de l’impact d’un programme de santé publique. À Madagascar, en 2014, le taux brut de mortalité est estimé à 7 pour 1000 habitants sur une population d’environ 23 millions d’habitants. Les taux de mortalité standardisés liés aux maladies transmissibles et non-transmissibles étaient respectivement de 430 et de 649 pour 100,000 habitants. La comptabilisation des causes de décès sont donc essentielles pour définir les priorités de santé publique.MéthodesUn réseau de 18 centres hospitaliers (CH) sentinelles est fonctionnel à Madagascar depuis 2008. La surveillance était basée sur le nombre de cas de fièvres, de paludisme, de syndrome de détresse respiratoire aiguë et de décès enregistrés à l’hôpital (données agrégées). Une amélioration de ce système a été initiée en 2013 avec la collecte des données individuelles pour connaître les principales causes d’admission et de décès en milieu hospitalier. Nous avons aussi procédé à une extension du réseau de surveillance sentinelle dans des zones rurales avec la participation des agents communautaires (AC) pour enregistrer les décès en milieu communautaire. La surveillance est de type passif et le transfert des données est journalier via une page web pour les CH ou un smartphone Android pour les AC. Un seuil d’alerte a été défini sur la base de données historiques : deux décès déclarés en une journée par un AC ou un nombre de décès déclarés au-dessus d’un seuil prédéfini. Les données étaient traitées en temps réel par un algorithme situé dans notre serveur.RésultatsDu mois d’avril 2013 à septembre 2016, 17/18 CH étaient fonctionnels et 85,324 hospitalisations ont été enregistrés dont 1837 décès. Le taux de complétude et de promptitude des données CH ont été respectivement de 75 % et 55 %. Au niveau communautaire, 108 AC étaient fonctionnels dans des zones rurales pilotes et ont notifié 57,835 malades et 781 décès. Le taux de complétude et de promptitude des données AC étaient respectivement de 86,0 % et 65,4 %. Vingt-deux alertes correspondant à deux décès déclarés en une journée par un AC ont été enregistrées dont une pour la peste et une pour traumatisme, toutes deux ont été contrôlées au niveau local. Les 20/22 autres se sont avérées être des fausses alertes après vérification. Les trois premières causes de décès en milieu hospitalier, étaient les maladies cardio-vasculaires (24,7 %), les troubles respiratoires (13,0 %) et les syndromes infectieux (8,2 %) ; alors qu’en milieu communautaire les troubles respiratoires (26,8 %), les signes neurologiques (22,2 %) et les traumatismes (17,2 %) arrivaient en tête.ConclusionLe système de surveillance sentinelle des causes de décès est fonctionnel à Madagascar. Il génère une alerte précoce afin d’éviter le développement d’une épidémie dans des zones rurales et produit aussi des données de qualité pour un suivi des causes de décès. Des améliorations sont envisageables, mais ces indicateurs permettent d’ores et déjà de proposer des interventions de santé publique plus efficaces pour réduire la mortalité évitable dans le pays.