IntroductionD’après le registre REIN, chaque année, 10 % des patients en dialyse péritonéale (DP) sont transférés en hémodialyse (HD), principalement durant les deux premières années de traitement. L’objectif principal de ce travail était d’étudier plus précisément les facteurs associés à un échec tardif (après les six premiers mois de traitement) de la DP.MéthodesÀ partir du registre REIN, une cohorte de patients a été constituée. Sept centres de dialyse lorrains ont participé à l’étude. Les critères de sélection des patients dans le registre étaient : être âgé de plus de 18 ans, débuter une première dialyse entre le 01/01/2001 et le 31/12/2010 (patients incidents), débuter la dialyse en DP ou en HD si un transfert en DP était programmé avant trois mois en DP, et être toujours en DP après six mois de dialyse. Les patients décédés, greffés ou perdus de vue dans les six mois suivant le démarrage de la dialyse n’ont pas été inclus. Les caractéristiques cliniques et biologiques étaient recueillies à l’initiation du traitement et à six mois. La date de point était le 31/12/2013. L’événement considéré était le transfert vers l’HD. Les fonctions d’incidence cumulée pour chaque événement (événement d’intérêt : transfert et événements compétitifs : décès et greffe) ont été calculées et des modèles d’analyse de survie prenant en compte les risques compétitifs ont été mis en œuvre (Fine & Gray).RésultatsTrois cent soixante-cinq patients (âge moyen 66,9 ans ; femmes : 46,6 % ; diabétiques : 37 %) étaient inclus. Parmi eux, 15,9 % ont eu au moins une séance d’hémodialyse avant de démarrer la DP. La durée moyenne de traitement par DP était de 25,2 mois. Au cours du suivi, 117 patients (32,1 %) ont été transférés vers l’HD (dans 15 % des cas en urgence), 158 (43,3 %) sont décédés, 76 (20,8 %) ont été greffés, 4 (1,1 %) ont été perdus de vue et 10 (2,7 %) étaient toujours en DP à la date de point. Concernant le devenir des patients transférés en HD, 73 (62,4 %) sont décédés, 22 (18,8 %) ont été greffés et 22 (18,8 %) étaient toujours en HD à la date de point. La première cause de transfert vers l’HD était la sous-dialyse (40,9 %), puis des causes infectieuses (23,9 %), puis mécaniques (22,7 %). Dans 80,7 % de cas, l’abord vasculaire initial pour l’HD était un cathéter central. Les principaux facteurs associés à un transfert tardif, en prenant en compte les risques compétitifs, étaient : le diabète (RR = 2,13,p < 0,001) et une hyperphosphorémie à l’initiation de la DP (RR = 1,59,p = 0,04).ConclusionNotre étude confirme qu’après deux ans de traitement, la DP semble moins performante. Le transfert vers l’HD concerne une proportion significative de patients avec des conditions de transfert pas toujours optimales et pouvant se faire dans l’urgence. Il existe probablement certaines limites à l’adaptation de la prescription de la DP, en particulier chez les patients diabétiques. L’hyperphosphorémie à la mise en dialyse est retrouvée associée à un risque de transfert. Ce facteur pourrait être lié à un ensemble d’éléments reflétant plutôt la prise en charge d’amont et l’observance du patient. Enfin, les raisons pour lesquelles l’abord vasculaire périphérique n’est pas créé plus tôt alors que le transfert est prévu restent à explorer.