ObjectifsLes études épidémiologiques dans les pays en transition nutritionnelle évaluent souvent seulement l’obésité générale, c’est-à-dire, sur base de l’IMC (indice de masse corporelle). Pourtant, dans un certain nombre de pays, la masse grasse abdominale des sujets semble augmenter indépendamment. Nous avons étudié la concordance entre obésité abdominale et générale, et les facteurs d’environnement et socioéconomiques associés, chez les femmes adultes Tunisiennes.MéthodesÉtude transversale, échantillon national stratifié en grappes, femmes 35–70 ans (n = 2964), Tunisie en 2005. L’obésité générale était IMC = poids/taille2 > 30 kg/m2 et l’obésité abdominale tour de taille ≥88 cm. Nous avons distingué :– obésité abdominale mais non générale (OAnG) ;– obésité générale mais non abdominale (OGnA) ;– sujets concordants.Les associations ajustées avec le lieu de résidence, les caractéristiques individuelles et socioéconomiques ont été estimées par régression multinomiale.RésultatsLa prévalence d’obésité abdominale (60,4 %[57,7–63,0]) était beaucoup plus élevée que celle d’obésité générale (37,0 %[34,5–39,6]), du fait d’une forte proportion de femmes avec OAnG (25,0 %[22,8–27,1]), celle d’OGnA étant résiduelle (1,6 %[1,1–2,2]). Il n’y avait pas d’association ajustée de l’OAnG (versus concordance) avec le milieu urbain versus rural (p = 0,21), le statut marital (p = 0,79), le niveau scolaire (p = 0,97) ou le proxy de revenus (p = 0,94). Les femmes non ménopausées (p = 0,093), de faible parité (p = 0,061) ou avec métier manuel (p = 0,038) étaient légèrement moins touchées par l’OAnG. Il y avait une très forte variation de la prévalence d’OAnG entre les sept régions de la Tunisie (16,6 % à 30,0 %,p < 0,0001), les régions côtières de l’est plus développées ayant les plus fortes prévalences : les explications potentielles sont d’origine développementale, génétique, épigénétique ou d’exposition aux perturbateurs endocriniens.ConclusionDans ce contexte, un quart des femmes présentaient une OAnG. L’obésité abdominale étant spécifiquement prédictrice de risque cardiovasculaire, sa mesure et l’étude des facteurs associés (indépendamment de l’IMC), doivent être inclus dans les évaluations dans les pays en transition nutritionnelle.