IntroductionEn Afrique subsaharienne, 60 % des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) sont de sexe féminin. Le but de notre travail était d’évaluer l’association entre le genre et les caractéristiques d’accès et de résultat du traitement antirétroviral (TAR) au Burkina Faso.MéthodesNous avons constitué une cohorte rétrospective à l’Hôpital de Jour du CHU Yalgado Ouedraogo à Ouagadougou au Burkina Faso. Les patients de notre étude étaient ceux inclus dans la file active ou ayant déjà initié un TAR entre le 1eroctobre 2007 et le 31 décembre 2012. Les données sociodémographiques, cliniques, biologiques et de suivi ont été extraites de la base de données ESOPE (évaluation et suivi opérationnel des programmes ESTHER). Après description, une régression logistique a été utilisée pour évaluer l’impact du sexe sur le taux de perdus de vue avant la mise en route d’un TARV. Un modèle de Cox a été utilisé pour évaluer l’impact du sexe sur le taux d’initiation du TARV et le taux de décès.RésultatsSur les 5122 PVVIH enregistrées, 925 patients avaient des données analysables dans la cohorte pré-TARV et 506 dans la cohorte TARV en raison du faible accès au bilan biologique. À l’inclusion, les femmes étaient significativement plus jeunes (âge médian 33 ans EIQ : 28–39) comparés aux hommes (âge médian 40 ans EIQ : 35–7),p < 0,0001). Elles étaient également plus anémiées (27 % versus 14 %p = 0,01). À l’analyse multivariée, il n’y avait pas d’impact du sexe sur les taux de perdus de vue pré-TARV et d’initiation du TARV, d’observance du TARV, et des échecs immunologiques et virologiques. Seul un taux élevé de CD4 à l’inclusion dans la cohorte pré-TARV était associé à un risque élevé d’être perdu de vue (p = 0,002). Seuls les patients résidant hors de Ouagadougou avaient un risque d’échec significativement augmenté (OR = 9,4 ; IC95 % 1,03–87,22 ;p = 0,04)ConclusionNous n’avons mis en évidence un quelconque impact du genre sur l’accès et les résultats de santé sous TARV. L’accès à un meilleur bilan biologique et une décentralisation accrue du TARV pourrait améliorer la prise en charge des PvVIH au Burkina Faso.