Position du problèmeAu Niger, un réseau d’élimination de la fistule urogénitale d’origine obstétricale (Fugo) (REF) a été mis en place le 19 février 2004 pour la gratuité de la prise en charge de la Fugo dont l’analyse du coût était l’objectif de cette étude.MéthodeLes données ont été obtenues à partir d’une étude documentaire (reçus, factures) complétée par des entretiens avec les principaux acteurs de la prise en charge et des interviews ciblant les femmes souffrant de Fugo reçues à l’hôpital national de Niamey dans le cadre des sessions de chirurgie des mois d’avril et novembre 2006. La valorisation, portant sur l’ensemble des ressources utilisées pour la réalisation des activités, intégrait l’accompagnement (séjour et éducation sur les mesures d’hygiène), le traitement médicochirurgical et la réintégration sociale (préparation aux activités génératrices de revenus et retour à domicile). L’analyse des données a été effectuée avec les logiciels Excel et Epi 2000 qui ont permis d’avoir, pour chaque rubrique, le coût moyen par femme.RésultatsLe séjour à l’hôpital national de Niamey (HNN) avait un coût de 96 445 francs CFA répartis entre le transport (4688), la restauration (21 572), les primes d’assistance (3708) et les coûts indirects (66 477). L’éducation sur les mesures d’hygiène revenait à 194 140 francs CFA répartis entre les ressources humaines (30 150) et matérielles (143 965) et le fonctionnement (20 025). Le traitement médicochirurgical avait un coût de 144 009 francs CFA répartis entre les consultations (15 000), les examens complémentaires (44 900), l’opération chirurgicale (50 000) et les consommables (34 109). La préparation aux activités génératrices de revenus avait un coût de 118 244 francs CFA répartis entre la formation en teinture d’habit (22 084) et en fabrication de savon (46 160) et la subvention financière (50 000). Le retour à domicile (295 000 francs CFA) comprenait la restauration en chemin (2500), les ressources humaines (65 000) et matérielles (227 500). Au total, la prise en charge de la Fugo revenait à 742 018 francs CFA pour notre échantillon (76 % de travailleuses) ; avec un maximum 781 362 francs CFA pour les femmes sans activités génératrices de revenus et un minimum de 729 594 francs CFA pour les femmes avec des activités génératrices de revenus.ConclusionLe coût élevé de la prise en charge de la Fugo à l’HNN, sans la gratuité actuelle, serait inaccessible à la femme nigérienne du fait de la pauvreté et de l’ignorance. Il justifie la nécessité d’un programme à long terme pour la prise en charge des cas et la réduction de la prévalence, pour une meilleure contribution des femmes nigériennes aux activités de développement du pays.