ObjectifLa consommation de drogues est en constante augmentation dans la population française. Le risque cardiovasculaire des patients toxicomanes reste difficile à évaluer. L’objectif principal était de comparer chez les patients présentant une maladie cardiovasculaire (MCV) exposés ou non aux drogues le nombre de facteurs de risque cardiovasculaires (FDRCV). Secondairement pour chaque groupe le type d’atteinte artérielle sera déterminé.Matériel et méthodeNous avons réalisé une étude rétrospective cas-contrôle, comparant des patients exposés à une ou plusieurs drogues (groupe A) à une population témoin de fumeurs (groupe B) ayant présenté une MCV et âgés de moins de 45 ans, au CHU de Nantes entre 2004 et 2014. Les patients exposés aux drogues seront appariés un pour deux pour l’âge de survenue de la MCV, le sexe et leur niveau de consommation de tabac.RésultatsDeux cent deux patients ont été inclus dans cette étude, 68 dans le groupe A et 134 dans le groupe B. Le nombre moyen de FDRCV était significativement inférieur pour le groupe A avec (1,37 ± 0,7 versus 2,55 ± 1,p < 0,0001). La prévalence des accidents ischémiques cérébraux (AIC) [22 (32,4 %) vs 25 (18,7 %),p = 0,014] et de l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) [26 (38,1 %) vs 12 (9 %),p = 0,004] était significativement plus fréquente dans le groupe A. De plus, les AIC d’origine vasospastique étaient plus importants chez les patients du groupe A [2 (9,1 %) vs 0,p = 0,03]. L’alcool semble être associé à une augmentation de l’atteinte athéromateuse vasculaire périphérique [8 (42,1 %) vs 11 (8,2 %),p = 0,02], alors que le cannabis semble favoriser la survenue d’AIC [2 (28,6 %) vs 0,p = 0,03)] et les syndromes coronariens aigus (SCA) [1 (25 %) vs 0,p = 0,04] vasospastiques. Finalement, parmi les usagers de drogues il n’a pas été mis en évidence de différence significative entre les territoires artériels atteints.ConclusionL’exposition aux drogues semble favoriser une atteinte vasculaire plus rapide, diffuse et vasospastique par rapport aux patients non exposés. En regard de ces données, l’exposition aux drogues devrait être considérée comme un facteur de risque cardiovasculaire indépendant.