Les états septiques sévères (associant une infection bactérienne ou fongique et une réponse inflammatoire systémique), première cause de mortalité en service de réanimation, sont caractérisés par la survenue d’une immunodépression majeure. Une défaillance immunitaire similaire est observée chaque fois que l’organisme développe un rétrocontrôle négatif visant à moduler une réponse inflammatoire systémique – ce qui est le cas chez un grand nombre de patients de réanimation (après un polytraumatisme, une brûlure grave, une chirurgie lourde, une pancréatite aiguë, un accident vasculaire cérébral…). Cette défaillance immunitaire amplifie significativement le risque d’infection nosocomiale due aux risques inhérents à la réanimation (procédures vulnérantes, dispositifs invasifs, comorbidités…). Des récents biomarqueurs permettent d’identifier les patients les plus immunodéprimés et donc de proposer de nouvelles approches thérapeutiques ciblées visant à restaurer spécifiquement leurs fonctions immunitaires. Nous envisagerons dans cette revue les mécanismes physiopathologiques qui sous-tendent cette immunosuppression et les conséquences délétères qu’ils induisent. Le propos sera illustré par l’intérêt que présentent certains biomarqueurs, principalement développés en cytométrie en flux, comme la perte d’expression de HLA-DR à la surface des monocytes (marqueur de référence de l’immunodépression acquise en réanimation) ou l’augmentation du pourcentage des lymphocytes T régulateurs circulants, dans la prédiction de la survenue d’infection nosocomiale et de la mortalité.