ObjectifDécrire les aspects épidémiologiques, cliniques et pronostiques de l’hématome rétroplacentaire afin de rechercher d’éventuels facteurs de risque de sa survenue.Patientes et méthodesÉtude rétrospective observationnelle réalisée à partir des dossiers de toutes les patientes ayant présenté un hématome rétroplacentaire entre janvier 2001 et janvier 2012, dans une maternité de niveau IIB. Les données ont été relevées à partir des dossiers obstétricaux non informatisés, listés prospectivement. Les données des patientes pour lesquelles était découverte une mort fœtale in utero étaient comparées aux issues des grossesses favorables. Ces informations ont été analysées à l’aide du logiciel STATA®V10.0.RésultatsNous rapportons 171 cas d’hématome rétroplacentaire (HRP) parmi les 21 913 patientes ayant accouché, soit une incidence de 0,78 %. L’âge moyen des patientes était de 28 ans et 82 % étaient multipares. Pour 60 % des grossesses l’HRP survenait entre 26 et 37 SA. Le diagnostic était posé sur les données cliniques dans 65 % des cas. Le symptôme le plus fréquent à l’admission était l’anomalie du rythme cardiaque fœtal dans 77 % des cas. Vingt-cinq pour cent de mort fœtale in utero étaient retrouvées. L’étude des patientes pour lesquelles était découverte une MFIU, révélait l’antécédent de MFIU et de pré-éclampsie comme facteur de risque (p < 10-3,p = 0,07). Cette issue de grossesse était plus fréquente pour les patientes n’ayant pas eu de suivi de grossesse (p = 0,054) et avant 37 SA (p = 0,005). Dans notre étude, 79 % des patientes ont eu une césarienne. La principale cause de morbidité maternelle était l’hémorragie. Deux décès maternels ont eu lieu. Parmi les nouveau-nés, 28 % avaient un Apgar 0 à 5 minutes de vie. Un bilan de thrombophilie, réalisé chez 54 patientes, était anormal dans 76 % des cas. Vingt-six pour cent des patientes ont eu une grossesse ultérieurement avec 20 % de récidive d’HRP.Discussion et conclusionL’HRP est une cause importante de mortalité périnatale et de morbidité maternelle. Malgré une meilleure connaissance des facteurs de risque, il reste une complication imprévisible. Notre étude révèle un lien significatif entre les antécédents de MFIU et de pré-éclampsie avec le risque de MFIU lors de l’HRP. Cette observation nous interroge sur les modalités de surveillance à mettre en place pour ces patientes, si tant est qu’elles puissent être définies.