Les volumineuses tumeurs cervicales néonatales sont rares. Lorsqu’une telle masse est découverte en anténatal, il faut déterminer sa nature, évaluer son caractère circonscrit ou infiltrant, rechercher d’éventuels signes de compression (œsophage, trachée). Nous décrivons trois cas, de nature différente.Cas 1.Une tumeur fœtale cervicale antérieure d’aspect kystique est découverte à 38 SA chez Mme M, 26 ans. La masse semble bien délimitée, sans allure compressive. L… naît à 40 SA par césarienne. Elle est intubée à 24 h de vie pour détresse respiratoire. L’échographie et le scanner sont en faveur d’un lymphangiome kystique, compressif, étendu en endothoracique. Une sclérothérapie est tentée, en vain. La chirurgie ne permet qu’une exérèse partielle. L. décède à 5 mois.Cas 2. À 29 SA est découvert chez Mme L (35 ans) une tumeur fœtale cervicale antérieure. Un hémangiome compressif est suspecté (hydramnios, œdème sous-cutané de la tête). L… naît à 38 SA par césarienne. La détresse respiratoire est immédiate, l’intubation difficile et hémorragique. Le scanner et l’angiographie montrent un hémangiome étendu, inextirpable. Aucune intervention chirurgicale n’est possible. L est thrombopénique (syndrome de Kasabach-Merritt). Une embolisation, un traitement par corticoïde et interféron α sont tentés en vain. L décède à J21.Cas 3. L’échographie à 29 SA chez Mme R révèle une masse cervicale fœtale antérieure, d’aspect bien circonscrit et solide. Progressivement des structures kystiques apparaissent, sans signes de compression. L… naît à 34 SA par césarienne. Elle est intubée pour une détresse respiratoire immédiate (difficile). Le scanner est en faveur d’un tératome, compressif, étendu au médiastin mais circonscrit. L est opérée, une résection complète est réalisée. Le pronostic à long terme est bon.Ces trois cas illustrent la difficulté avant la naissance de déterminer le pronostic d’une volumineuse tumeur cervicale. Les trois principaux diagnostic sont : le lymphangiome kystique, l’hémangiome et le tératome. Il faut s’efforcer d’évaluer au mieux le degré d’extension et de compression de la tumeur. Une tumeur peu compressive et circonscrite sera souvent de bon pronostic. Une tumeur compressive et infiltrante sera souvent létale quelle que soit sa nature histologique. Malgré une évaluation anténatale rassurante et une décision de poursuite de la grossesse, il faut toujours envisager d’une part une possible détresse respiratoire à la naissance (nécessitant une intubation difficile), d’autre part un aspect infiltrant de la tumeur non vu à l’échographie (modifiant considérablement le pronostic).