IntroductionLe 30 mars 2010, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a publié une alerte sanitaire concernant les implants mammaires de la marque Poly Implant Prothèse (PIP), après avoir identifié un taux de ruptures plus important que pour d’autres fabricants. Elle était assortie d’une suspension de la mise sur le marché et l’utilisation des implants mammaires PIP. Dès l’annonce de cette décision de police sanitaire, l’institut Claudius-Regaud (ICR) a mis en place une cellule de crise pour répondre au mieux aux exigences et aux interrogations des patientes. Dix-huit mois après le début de la crise nous avons souhaité faire le point sur les conséquences de cette décision.Patientes et méthodesIl s’agit d’une étude rétrospective concernant toutes les patientes ayant bénéficié d’une reconstruction mammaire par une prothèse PIP depuis 2006. Nous nous sommes intéressés à la gestion de la crise, au devenir des patientes et des prothèses.RésultatsAu total 128 prothèses de la marque PIP ont été implantées chez 116 patientes. Il s’agissait dans tous les cas de prothèses anatomiques asymétriques posées dans 91 cas en reconstruction mammaire immédiate et dans 25 cas en reconstruction mammaire secondaire. Douze patientes avaient une prothèse PIP controlatérale. Après analyse précise des dossiers, nous avons constaté que 19 patientes (16 %) avaient déjà bénéficié d’un changement de prothèse ou d’une ablation simple de la prothèse avant le début de l’affaire. Aucune de ces prothèses n’était rompue. L’analyse rétrospective des dossiers nous a permis de constater que nous avons réopéré 61,2 % des patientes et explanté 59,4 % des prothèses PIP. Dans 31 cas (26,7 %), un autre geste chirurgical avait été associé au changement de prothèse. Sur les 76 prothèses explantées, dix d’entre elles présentaient une anomalie (13,1 %). Trois prothèses (3,9 %) étaient rompues. Six prothèses (7,9 %) présentaient un phénomène de perspiration. La durée de vie moyenne de ces prothèses était de 21,3 mois. Parmi les patientes qui ont été réopérées, nous avons observé trois complications postopératoires (3,9 %).ConclusionPlus de 18 mois après le retrait de la mise sur le marché des implants mammaires PIP, nous avons revu la quasi-totalité des patientes implantées dans notre institution. À ce jour, plus de 60 % des patientes n’ont plus leur prothèse en place mais 16,4 % avaient déjà été opérées avant mars 2010. Plus de 10 % des prothèses avaient une anomalie dont trois présentaient une rupture franche. Cette étude rétrospective nous a aussi permis de constater que la prise en charge de nos patientes était perfectible, notamment sur la lisibilité du suivi et dans le domaine administratif.