IntroductionL’ostéonécrose aseptique (OA) est due à une ischémie osseuse. C’est une complication rapportée dans 5 % des cas au cours du lupus érythémateux systémique (LES). Nous proposons de décrire les différentes caractéristiques d’une série de patients lupiques ayant présentés une OA.Patients et méthodesEtude rétrospective menée dans un service de médecine interne colligeant les patients répondants aux critères de l’American College of Rheumatology (ACR 1997) pour le diagnostic du LES sur une période de 18 ans (2001–2018) et présentant une OA confirmée par des éléments cliniques et radiologiques.RésultatsIl s’agissait de 12 femmes et d’un homme d’âge moyen de 35,1 ± 9,42 ans au moment de survenue de l’ON. L’âge moyen au moment du diagnostic du LES était de 29,2 ans. Aucun cas familial d’OA n’a été retrouvé. Un tabagisme a été noté chez deux patients et un alcoolisme chronique chez un patient. L’atteinte fémorale était prédominante (n = 7) et bilatérale chez trois patients. Les genoux étaient le siège de l’ON chez cinq patients avec une atteinte bilatérale chez trois patients. Le condyle mandibulaire et la cheville ont été touché chacun chez un patient. Les signes cliniques étaient à type de douleur articulaire (n = 13), de boiterie (n = 1) et d’une limitation des mouvements de la hanche (n = 4). Le lupus était associé à un syndrome des antiphospholipides (SAPL) chez quatre patients. Tous les malades étaient traités par une corticothérapie prolongée à une dose de 0,5 à 1 mg/kg/jour. Le délai moyen entre le début de la corticothérapie et l’apparition de l’ON était de 4,6 ans. Aucun patient n’était en poussée de la maladie au moment de survenue de l’ON. Une vascularite cutanée était présente chez deux patients et un phénomène de Raynaud chez quatre patients. Le diagnostic d’ON a été porté sur une radiographie standard chez 1/7 des patients. Une tomodensitométrie était pratiquée chez un patient et a posé le diagnostic. L’imagerie par résonance magnétique pratiquée chez huit patients, a confirmé le diagnostic dans tous les cas. La scintigraphie osseuse a permis de poser le diagnostic chez deux patients parmi les trois ayant bénéficié de cet examen. Le traitement était fait d’antalgiques chez quatre patients et d’une mise en décharge chez un patient. La mise en place d’une prothèse totale de hanche ou d’une prothèse totale du genou était nécessaire dans respectivement quatre et un patient. L’évolution était favorable chez 12 patients, un patient a gardé une importance fonctionnelle partielle de la hanche.ConclusionDans le LES, différents facteurs peuvent interférer et occasionner une OA dont la maladie lupique elle-même, l’association d’un SAPL et essentiellement l’iatrogénie par un traitement prolongée par les corticoïdes. Il est nécessaire d’évoquer le diagnostic à un stade précoce afin d’éviter le recours à la chirurgie et de ce fait compléter par une IRM si la radiographie standard est sans anomalies.