L’incertitude survient lorsqu’il n’existe pas suffisamment d’information permettant de prédire le pronostic ou le résultat au décours d’une intervention. Elle est omniprésente dans l’exercice quotidien de la médecine, et va accompagner chaque praticien tout au long de sa carrière. L’incertitude exprimée ou simplement ressentie est fréquemment associée à un vécu négatif. Pourtant, plutôt qu’un aveu de faiblesse, elle traduit un état dynamique de remise en question qu’expérimente le médecin soucieux de prodiguer à son patient les meilleurs soins. De plus, l’incertitude peut générer, chez le praticien qui n’y a pas été préparé, des conséquences parfois dramatiques, s’exprimant aussi bien dans les domaines affectifs (stress, anxiété,burn-out), que comportementaux (erreurs diagnostiques, multiplication des examens, mauvaise communication…). Un nombre sans cesse croissant d’observations, d’études cliniques, pédagogiques, vient soutenir l’idée que l’apprentissage de l’incertitude devrait être un prérequis indispensable à tout pratique médicale de qualité. À partir d’une revue de littérature, nous présentons dans ce travail un aperçu conceptuel de l’incertitude, avant d’aborder ses différentes sources en pratique quotidienne, ses conséquences, et les principaux facteurs individuels influençant la relation du médecin à l’incertitude. Ce travail a pour finalité de proposer une réflexion globale, s’inscrivant dans une perspective d’approche par compétence intégrée de l’incertitude, née du postulat que l’obligation qui est la nôtre de professionnaliser nos étudiants implique de les rendre compétents dans la gestion de l’incertitude.