IntroductionLe syndrome d’hyperlymphocytose CD8 associé au VIH ou « diffuse infiltrative lymphocytosis syndrome » (DILS) est caractérisé par la présence d’une hyperlymphocytose CD8 sanguine polyclonale associée à une infiltration lymphocytaire tissulaire survenant lors d’une infection par le VIH [2]. Nous rapportons un nouveau cas de DILS pris au départ pour une sarcoïdose.ObservationIl s’agissait de Mlle A.M., 40 ans, tabagique sevrée depuis 3 mois ; suivie en ophtalmologie pour panuvéite depuis 5 ans sous prednisone 1 mg/kg. Ce traitement était irrégulièrement pris par la patiente. À l’admission, elle présentait un syndrome sec oculo-buccal, une polyadénopathie superficielle sus- et sous-diaphragmatique, une parotidomégalie bilatérale symétrique avec aspect en poire, des crépitants bilatéraux asymétriques au niveau des bases pulmonaires. L’hémogramme montrait une anémie à 10 g/dL de type inflammatoire et une lymphopénie. La radiographie thoracique mettait en évidence un important syndrome interstitiel. Lescannerthoracique montrait des images pulmonaires micro nodulaires bilatérales avec des adénopathies au niveau du médiastin supérieur non compressives et des foyers de fibrose lobaire inférieure. Les biopsies bronchiques montraient un remaniement inflammatoire non spécifique. Le lavage broncho alvéolaire retrouvait une alvéolite lymphocytaire majoritairement constituée de cellules T CD8. L’examen ophtalmologique retrouvait des lésions séquellaires de panuvéite. Le dosage de l’enzyme de conversion était normal ainsi que la calcémie et la calciurie. L’électrophorèse des protéines plasmatiques montrait une hypergammaglobulinémie polyclonale 22 g/L. La recherche des anticorps (anti-SSA et SSB) était négative. Le phénotypage lymphocytaire sanguin retrouvait 161 CD4/mm3 et 1855 CD8/mm3(rapport CD4/CD8 = 0,086 [N > 0,68]). Les recherches d’une infection bactérienne à germes banals ou spécifiques furent négatives. Cependant la sérologie VIH1 était positive. La charge virale était de 110 copies/mL. La biopsie d’une adénopathie cervicale retrouvait une hyperplasie lymphoïde folliculaire floride. La biopsie des glandes salivaires montrait une infiltration lymphoplasmocytaire d’origine virale. Un diagnostic de DILS était posé et un traitement antiviral était prescrit ainsi qu’une corticothérapie. L’hyperlymphocytose CD8 régressait après 4 semaines de traitement.DiscussionLe syndrome d’infiltration lymphocytaire CD8 diffuse lié au VIH apparaît généralement dans les premières années suivant la contamination et est caractérisé par la présence d’une lymphocytose sanguine CD8 persistante avec une infiltration lymphocytaire CD8 d’un ou de plusieurs organes. Les atteintes pulmonaires (syndrome interstitiel ou nodulaire) et salivaires (parotidite avec syndrome sec, infiltration des glandes salivaires accessoires) sont généralement au premier plan, pouvant mimer une sarcoïdose ou un syndrome de Sjögren.ConclusionLe syndrome d’hyperlymphocytose CD8 associé au VIH (ou DILS) est une entité rare mais doit être systématiquement évoqué devant la présence d’une parotidomégalie et/ou d’autre atteintes d’organes associée à une lymphocytose CD8 polyclonale.