IntroductionLa neuroarthropathie de Charcot est une cause fréquente de morbidité chez les personnes diabétiques mal équilibrées. Elle est rare et encore méconnue, mais sa fréquence est en augmentation parallèlement à l’augmentation de l’incidence du diabète.ObservationNotre patient est âgé de 41 ans, tabagique à 6PA et éthylique occasionnel, suivi pour diabète de type 2 depuis 8 ans sous antidiabétiques oraux avec mauvaise observance du traitement et des règles hygiéno-diététiques. Il nous a consulté pour une tuméfaction du pied droit évoluant depuis 2 mois, sans notion de traumatisme. L’examen a trouvé un patient en bon état général, obèse, apyrétique, qui marche avec boiterie. Il présentait une tuméfaction du pied droit peu douloureuse sans signes inflammatoires, un affaissement de l’arche médian du pied, une sensibilité superficielle diminuée aux deux membres inférieurs et des réflexes ostéo-tendineux abolis. À la biologie, la VS était accélérée à 101 mm, la CRP était négative, la glycémie à jeun était à 15 mmol/l, le taux d’acide urique était normal et le reste du bilan était sans particularités. Une radiographie du pied a été pratiquée mettant en évidence une tarsite avec lésions destructrices, désintégration du tarse et fragmentation osseuse. La recherche du bacille de Koch dans les crachats et les urines était négative, de même que la sérologie de la syphilis. L’exploration a été complétée par une IRM du pied qui a conclut à un aspect d’ostéoarthropathie destructrice diabétique. Le diagnostic de pied de Charcot a été retenu devant le diabète déséquilibré au stade de complications dégénératives (rétinopathie diabétique, néphropathie diabétique et neuropathie périphérique), les données cliniques et surtout radiologiques. Il a été immobilisé puis mis sous acide pamidronique : perfusions de 60 mg/mois durant 3 mois. L’évolution a été favorable avec nette diminution de l’œdème du pied et amélioration des troubles de la marche. Néanmoins, l’amélioration radiologique n’est pas évidente, le recul n’étant que de quelques semaines.ConclusionLa neuroarthropathie de Charcot reste sous-diagnostiquée en raison de sa méconnaissance. Pourtant, c’est avant tout la rapidité diagnostique et la décharge précoce qui conditionnent le pronostic. Le traitement par bisphosphonates est prometteur mais son application clinique reste peu répandu et théorique. Une meilleure connaissance de cette complication du diabète et de ses traitements éventuels est nécessaire.