IntroductionLe bilan de chute doit comporter la recherche de facteurs précipitants tels que l’hypotension orthostatique et les troubles métaboliques (dysnatrémie, hypoglycémie…). Nous rapportons le cas d’une patiente âgée admise pour chute dans un contexte d’hypoglycémie sévère. L’étiologie retrouvée est une hypoglycémie auto-immune, associée à des anticorps anti-récepteurs de l’insuline, résolutive sous corticothérapie orale.ObservationMme R., 83 ans, sans antécédent notable ni traitement médicamenteux, est adressée aux urgences pour chute. L’examen somatique met en évidence des troubles de conscience sans signe de localisation neurologique et une hypothermie à 33,1 °C. Devant une glycémie capillaire indosable, trois ampoules de G30 % sont administrées par voie intraveineuse, permettant une régression des symptômes. Les épisodes d’hypoglycémie, confirmés sur sang veineux, se répètent plusieurs fois par jour à jeun pendant l’hospitalisation. Le bilan étiologique de ces hypoglycémies ne met pas en évidence d’insuffisance hépatique, cardiaque ou rénale, ni de cause toxique (alcool ou médicament) ou endocrinienne. Le TEP scanner écarte une cause tumorale. Pour une glycémie à 3,3 mmol/L, l’insulinémie est indosable, le peptide C abaissé (0,340 μg/L) et l’HbA1cà 5,6 %. En l’absence de cause évidente et devant la persistance des hypoglycémies, nous évoquons une origine immunologique. Les anticorps anti-insuline sont négatifs mais les anti-récepteurs de l’insuline reviennent très positifs, signant le diagnostic d’insulinorésistance de type B. La suite du bilan élimine un pic monoclonal et retrouve des AAN positifs à 1/160esans spécificité. Il n’y a pas d’argument pour une pathologie auto-immune associée. Une corticothérapie orale à 1 mg/kg/jour associée à une alimentation fractionnée et adaptée permet la disparition progressive des hypoglycémies. À 6 semaines, nous débutons une décroissance progressive des corticoïdes. À 3 mois, la patiente reste asymptomatique.DiscussionDevant une hypoglycémie authentifiée par une glycémie veineuse ≤ 2,8 mmol/L ou 0,5 g/L, il faut réaliser un bilan étiologique systématique à la recherche :En première intention d’une cause iatrogène (insuline, sulfamide, glinides, quinine, salicylés…), fonctionnelle (diagnostic d’élimination, HGPO sur 5 h), d’une intoxication éthylique (OH, CDT, plaquettes, γGT, VGM), d’une insuffisance hépatique (TP, albumine, signe clinique de cirrhose) ou d’une insuffisance d’organe terminale (créatinine, fraction d’éjection du ventricule gauche en échocardiographie).En deuxième intention d’une cause tumorale : tumeur volumineuse (TEP scanner), insulinome (insulinémie élevée, échoendoscopie…), tumeur sécrétant de l’IGF2 (ins...