IntroductionLa ponction biopsie rénale (PBR) est geste invasif indispensable (à visée diagnostique, pronostique et thérapeutique) des maladies rénales primitives et secondaires. L’apport diagnostique des PBR est majeur pour les maladies systémiques avec atteinte rénale. Les études récentes estiment à moins de 0,1 % les complications vitales post-PBR néanmoins, le potentiel de complications sévères des PBR percutanées reste non négligeable. Plus de 90 % des complications majeures surviennent dans les 24 heures qui suivent le geste invasif que constitue la PBR. L’incidence des complications hémorragiques est évaluée à 13 % dont 7 % nécessiteront une intervention thérapeutique d’hémostase (radiologique, chirurgicale). Parmi ces complications la fistule artério-veineuse est rapportée dans 10,8 % dans les séries avec screening systématique par écho-Doppler post-biopsie. Elles constituent un risque d’HTA secondaire à ne pas occulter chez les patients aux affections systémiques (vascularites, lupus systémique, syndrome des anti-phospholipides…) au risque majeur de développer une atteinte rénale (glomérulaire, thrombose veineuse rénale, micro-angiopathie thrombotique, fibrose rétro péritonéale, infarctus rénal, toxicité médicamenteuse…). L’étude anatomo-pathologique de la PBR est en faveur d’une néphropathie lupique stade 2 selon OMS.ObservationUne jeune patiente de 15 ans est suivie depuis une année pour un lupus érythémateux systémique (LES) avéré, sans SAPL, avec de multiples atteintes viscérales : neurologique (convulsions), rénale (avec une protéinurie à 700 mg/24 h, une hématurie microscopique, une hyperfiltration (clearance à la créatinine à 186 mL/min), chiffres tensionnels normaux. La PBR, la malade présente une protéinurie macroscopique et au 5e jour des douleurs lombaires. L’examen clinique est pauvre en dehors d’une tachycardie « à 125 »/min sans stigmates d’embolie pulmonaire. Les chiffres tensionnels restent dans les normes. La FNS note la perte de 1 g/dL d’Hb et un taux de plaquettes normal. Le bilan d’hémostase est correct et l’échographie rénale complétée par un uro-scanner objective un hématome péri-rénal de 10 mm de grand axe avec un hématome sous-capsulaire rénal postérieur polaire inférieur de 8 mm d’épaisseur. La conduite à tenir était le repos au lit et une surveillance clinique, biologique et radiologique. L’évolution est favorable (disparition de l’hématurie macroscopique, des douleurs et de la fièvre, stabilisation du niveau de l’Hb et disparition de l’hématome sous-capsulaire). Cependant, l’écho-Doppler rénal post-PBR objective une fistule artério-veineuse. L’élévation des chiffres tensionnels imposent un geste d’embolisation artérielle sélective avec mise en place de 3 coils. Les suites sont marquées par un syndrome post-embolisation (fièvre élevée, HTA jusqu’à 190/110 mm Hg, douleurs lombaires…) transitoire.ConclusionLes fistules artério-veineuses du rein post-PBR sont rares mais potentiellement graves. Le diagnostic des fistules secondaires est accessible par les données de l’imagerie médicales. L’urgence (hématurie macroscopique importante, souvent avec déglobulisation) antérieurement jugulée par la néphrectomie d’hémostase en urgence est remplacée aujourd’hui par l’embolisation artérielle sélective. Une fistule arterio-veineuse négligée peut être à l’origine d’une HTA secondaire et des complications cardiovasculaires imputables à cette dernière.