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Hypoglycémies et hyperlactatémie dans un contexte de lymphome non Hodgkinien : l’effet Warburg

Auteurs : Eude C1, Boudin G1, Ybert C1, Despres N1, Artigues N
Affiliations : 1Médecine interne, CH de Bayeux, Bayeux
Date 2015 Décembre, Vol 36, pp A137-A138Revue : La Revue de médecine interneDOI : 10.1016/j.revmed.2015.10.084
CA073
Résumé

IntroductionL’hyperlactatémie peut être due à d’autres facteurs que l’hypoxie cellulaire ; il s’agit d’une complication rare de la maladie tumorale. Ainsi, le lactate peut provenir d’un métabolisme anaérobie qui est propre aux cellules tumorales : l’« effet Warburg ». Ces hyperlactatémies sont décrites essentiellement dans les hémopathies malignes mais aussi dans certaines tumeurs solides présentant une cinétique de division très rapide.ObservationMadame F., âgée de 81 ans est hospitalisée pour œdèmes des membres inférieurs remontant aux flancs évoquant cliniquement une compression pelvienne, associés à une altération de l’état général évoluant depuis 15 jours. Le scanner réalisé met en évidence des adénopathies sus- et sous-diaphragmatiques compatibles avec une hémopathie. L’analyse anatomo-pathologique d’une biopsie ganglionnaire cervicale confirme le diagnostic de lymphome non Hodgkinien anaplasique T CD30+. Sur le plan neurologique, et malgré le contrôle d’une hypercalcémie paranéoplasique, s’installent progressivement des troubles de la vigilance non expliqués par ailleurs. Il existait en outre des hypoglycémies ponctuelles à 0.5 g/L, peu symptomatiques et là encore sans cause évidente. Suspectant alors un trouble métabolique, une gazométrie artérielle est réalisée et révèle une acidose métabolique (pH 7,2, hypocapnie, normoxie) avec une lactatémie à 12 mmol/L. Après avis hématologique et onco-gériatrique, une chimiothérapie type COP est débutée en complément de la corticothérapie, mais l’état respiratoire de la patiente se dégrade 72 h après la cure, et elle décède d’un choc septique à point de départ pulmonaire.DiscussionDans notre cas, les cellules lymphomateuses ont un métabolisme différent des autres cellules : pour synthétiser de l’énergie, elles consomment de manière importante du glucose en favorisant la voie anaérobie, même en présence d’oxygène, ce qui aboutit à une production excessive de lactates : c’est l’effet Warburg (Otto Warburg, 1924). Cette déviation vers la glycolyse anaérobie pourrait en partie être expliquée par la mise au repos de la mitochondrie dans les cellules tumorales, ce qui leur permet de résister à l’apoptose, et dans d’autres cas par une adaptation tumorale à un environnement pauvre en oxygène. Il est par ailleurs important de rappeler que tout envahissement néoplasique hépatique peut aboutir à une hyperlactatémie par diminution de la clairance du lactate, rôle habituellement assuré par le foie (cycle de Cori). Ces mécanismes correspondent aux hyperlactatémies de type B1 (défaut de métabolisation) dans la classification de Cohen et Woods revisitée (1983).ConclusionDes troubles de la vigilance et des hypoglycémies d’origine obscure peuvent révéler ou émailler l’évolution d’une pathologie néoplasique et en particulier lymphoproliférative. Une simple gazométrie artérielle peut confirmer le mécanisme pathologique, en révélant une hyperlactatémie par effet Warburg. Cette cause doit être connue puisque la perfusion de glucosé à visée symptomatique aggrave le processus. Le seul traitement reste à l’évidence celui de la néoplasie sous-jacente.

 Source : Elsevier-Masson
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Eude C, Boudin G, Ybert C, Despres N, Artigues N. Hypoglycémies et hyperlactatémie dans un contexte de lymphome non Hodgkinien : l’effet Warburg. Rev Med Interne. 2015 Déc;36:A137-A138.
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Dernière date de mise à jour : 07/06/2016.


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