IntroductionLa prévalence des patients immunodéprimés en France est croissante, que ce soit dans les suites d’un traitement pour maladie auto-immune, d’une splénectomie, d’une greffe d’organe solide ou d’une polychimiothérapie pour cancer. Nous rapportons le premier cas de nocardiose cérébrale survenant chez une patiente atteinte de sclérodermie systémique (SSc) traitée par autogreffe de cellules souches hématopoïétiques (CSH).ObservationLa patiente, âgée de 61 ans, d’origine japonaise, avait des antécédents de diabète cortico-induit et de tuberculose pulmonaire traitée à l’âge de 22 ans. Elle présentait en 2010 une SSc diffuse[1]avec atteinte cutanée limitée (Rodnan à 5), mais atteinte polyviscérale (pulmonaire, articulaire, digestive) ; facteurs antinucléaires positifs et biopsie cutanée compatible avec une SSc. La pneumopathie interstitielle fibrosante et le syndrome inflammatoire ont justifié d’un traitement initial par prednisone 15 mg/jour et 12 cures de 1 g de cyclophosphamide mensuelles. La réévaluation montrait une progression de la sclérose cutanée avec un score de Rodnan à 12 concomitante d’une aggravation fonctionnelle respiratoire : DLCO à 45 %, CVF à 76 % et VEMS à 79 %, faisant poser l’indication d’une auto greffe de CSH après intensification par 5,8 g puis 9 g de cyclophosphamide et conditionnement par du sérum anti-lymphocytaire. En raison de la lymphopénie post-greffe, la patiente était traitée par triméthoprime-sulfaméthoxazole en prophylaxie, traitement arrêté en raison d’une toxidermie et relayé par des aérosols mensuels de pentamidine. Six mois plus tard, alors que la réévaluation clinique montrait une rémission de la SSc, la patiente se plaignait d’une céphalée persistante depuis une semaine, sans déficit neurologique, associée à une fièvre à 38 °C ; polynucléaires neutrophiles = 7300/mm3 ; CRP = 14 mg/L ; CD4 = 319/mm3. Le TDM cérébral montrait une lésion intracérébrale occipitale droite nécrotique, de 33 × 20 × 30 mm, rehaussée en périphérie avec important œdème péri-lésionnel. L’IRM faisait suspecter un abcès cérébral. Le drainage neurochirurgical de l’abcès était réalisé : l’examen bactériologique direct mettait en évidence un bacille gram positif et une antibiothérapie probabiliste par meropenem, amikacine et levofloxacine était initiée. Au 5ejour, la culture permettait l’identification deNocardia farcinicarésistant aux carbapénèmes, ce qui justifiait le relais meropenem-linozelide. Une résection chirurgicale de la coque de l’abcès était nécessaire à j20 devant l’apparition d’une hémiparésie gauche dans un contexte fébrile. La tri-thérapie était maintenue pendant 5 semaines, avec maintien de la levofloxacine en monothérapie de façon prolongée. L’IRM de contrôle réalisée un an plus tard montrait une stabilité de la lé...