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Hyperthermie isolée : penser au syndrome d’hypersensibilité à la carbamazépine

Auteurs : Poisnel E, Delarbre D1, Landais C1, Paris JF1, Carli P1
Affiliations : 1Médecine interne, hôpital d’instruction des Armées Sainte-Anne, Toulon
Date 2014 Décembre, Vol 35, pp A137-A138Revue : La Revue de médecine interneDOI : 10.1016/j.revmed.2014.10.233
CA080
Résumé

IntroductionLes réactions médicamenteuses sont souvent méconnues et sous estimées en raison de leur diagnostic parfois difficile et leur présentation aspécifique. Pourtant, leur reconnaissance est primordiale afin d’arrêter précocement les traitements inducteurs, mais aussi éviter des explorations coûteuses et invasives aux patients.ObservationUn patient de 76 ans était hospitalisé pour l’exploration d’une altération majeure et brutale de l’état général, avec des pics fébriles intermittents, des frissons et un syndrome confusionnel fluctuant. L’examen clinique n’objectivait pas de syndrome méningé ou d’éruption cutanée, mais une auscultation pulmonaire dans les limites de la normale. Dans ses antécédents, on retenait une hypothyroïdie substituée et une encéphalite herpétique compliquée de séquelles cognitives et épileptiques et pour laquelle un traitement par carbamazépine a été introduit 4 semaines auparavant. Le bilan sanguin montrait un syndrome biologique inflammatoire avec une hyperleucocytose à 11 000/μL prédominante sur les neutrophiles et sans hyperéosinophilie, une CRP à 160 mg/L avec une procalcitonine à 9,4 ng/mL. Le bilan thyroïdien était normal. Les LDH étaient à 330 UI/L (Normale < 225 UI/L) avec une bêta2 microglobuline augmentée (3,5 mg/L pour une normale < 2,2). Les prélèvements bactériologiques exhaustifs (ponction lombaire, hémocultures, ECBU) restaient stériles. Dans l’hypothèse d’une étiologie infectieuse, deux lignes d’antibiotiques (ceftriaxone et fluoroquinolones, puis piperacilline/tazobactam et aminoside) étaient introduites, sans aucune efficacité. Un scanner cérébral et TAP objectivait des adénomégalies médiastino-hilaires, discrètement hypermétaboliques au TEP TDM, sans autre lésion suspecte. Devant l’absence de point d’appel et l’échec des 2 lignes d’antibiothérapie, un syndrome d’hypersensibilité à la carbamazépine était évoqué. L’arrêt du traitement permettra une évolution favorable avec apyrexie et régression dans les 48 h du syndrome biologique inflammatoire, confirmant notre hypothèse.DiscussionLes fièvres médicamenteuses sont des effets indésirables mal connus, grave dans 25 % des cas, mais de pronostic souvent favorable. Elles représentent en France 0,05 % des effets indésirables médicamenteux déclarés entre 1986 et 2007 mais sont certainement sous diagnostiquées du fait d’une présentation aspécifique et d’un diagnostic porté a posteriori. Elles surviennent en général dans les 10 jours après l’administration du traitement, avec cependant un intervalle variable de quelques heures jusqu’à plus d’un mois. Les antibiotiques sont les traitements les plus pourvoyeurs de fièvre médicamenteuse, mais certains antiépileptiques comme la carbamazépine, par un mécanisme d’hypersensibilité, sont également souvent incriminés[1]. Une présentation atypique avec des frissons ou des adénopathies peut mimer des pathologies infectieuse ou tumorale, qu’il conviendra obligatoirement d’écarter. L’arrêt du traitement incriminé permet la disparition rapide de la fièvre et la normalisation des paramètres biologiques.ConclusionDevant une hyperthermie avec altération de l’état général, il convient de ne pas méconnaître une pathologie infectieuse, tumorale ou inflammatoire. Cependant, un interrogatoire ciblé et policier doit permettre de ne pas méconnaître une hypersensibilité aux médicaments, afin de ne pas retarder l’arrêt du traitement inducteur, et éviter des examens pouvant être invasifs.

 Source : Elsevier-Masson
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Poisnel E, Delarbre D, Landais C, Paris JF, Carli P. Hyperthermie isolée : penser au syndrome d’hypersensibilité à la carbamazépine. Rev Med Interne. 2014 Déc;35:A137-A138.
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Dernière date de mise à jour : 27/11/2015.


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