IntroductionLa survenue d’une polyarthrite aiguë chez une femme en âge de procréer est un motif de recours fréquent dans les services de médecine interne et de rhumatologie. Nous présentons le cas d’une polyarthrite aiguë révélatrice d’une infection à parvovirus B19, inductrice d’une sérologie lupique qui peut égarer le diagnostic.ObservationUne patiente de 39 ans, ayant comme antécédents obstétricaux 6 grossesses, est hospitalisée dans le service de médecine interne du CHU de Nantes au mois de juin 2014 pour des polyarthralgies inflammatoires associées à des cervicalgies et une éruption cutanée purpurique évoluant depuis 48 heures. Une ponction lombaire est réalisée aux urgences pour suspicion de méningite. Le LCR comporte 1 élément par millimètre cube, l’examen direct ne met pas en évidence de bactérie. Elle présente 24 heures plus tard un tableau de polyarthrite aiguë, distale, bilatérale et symétrique touchant les mains, les poignets et les pieds. Il n’y a pas d’autres signes, la patiente est apyrétique. Le complément est consommé avec un CH50 inférieur à 22 % et une fraction C4 à 0,04 (normes 0,1–0,4). Le bilan hépatique est normal. Les anticorps anti-CCP, le facteur rhumatoïde et la recherche d’ANCA reviennent négatifs. Les anticorps anti-nucléaires sont positifs au 1/160ième de spécificité anti-ADN natifs à fort taux (48 UI/L). Les sérologies VIH, VHB, VHC sont négatives. Les sérologies EBV, CMV sont en faveur d’une primo-infection ancienne. La sérologie parvovirus B19 se révèle positive avec des IgM positives tout comme la PCR (2 086 600 copies du virus soit 6,3 log). Les radiographies des mains et des pieds ne montrent pas d’érosions ou de chondrolyse. La symptomatologie a complètement régressée à la consultation de contrôle 2 mois plus tard sans autres traitements que des antalgiques de paliers 1 et 2. Le CH50, le C4 et la NFS sont recontrôlés normaux et les anticorps anti-ADN natifs négatifs.ConclusionLes manifestations articulaires associées aux primo-infections virales sont fréquentes et parfois trompeuses, tout comme dans notre cas où la fausse positivité des anti-ADN, induite par l’infection virale, aurait pu aboutir à un diagnostic erroné. Les polyartrhites virales restent cependant rares comme en témoigne une étude récente (2011) ayant recherché la prévalence des sérologies positives pour le parvovirus B19 dans une cohorte prospective de 806 patients présentant polyarthrite aiguë. Seuls 9 patients (1,1 %) avaient des IgM positives et 2 patients (0,25 %) une PCR parvovirus positive. Cette recherche doit donc être restreinte aux patients présentant un terrain et un tableau clinique évocateur.