ProposDes travaux réalisés dans les années 1970 ont mis en évidence un risque fortement accru d’hyperuricémie chez les patients drépanocytaires, expliqué par l’hémolyse chronique et l’atteinte rénale. Depuis, ces résultats ont été peu remis en cause.MéthodesNous avons étudié la prévalence de l’hyperuricémie et de la goutte chez des patients adultes avec syndrome drépanocytaire majeur vivant en France et recherché les facteurs associés à des uricémies élevées. Les patients ont été inclus prospectivement entre 2007 et 2009. Tous les patients étaient cliniquement à l’état stable. Les antécédents de goutte étaient systématiquement recherchés ; l’uricémie et les marqueurs de la fonction rénale et d’hémolyse étudiés.RésultatsSoixante-cinq patients d’âge moyen 31 ± 10,3 ans (17,5–67,5) ont été inclus. L’uricémie moyenne était de 281,6 ± 74 μmol/L. Seuls six patients (9,2 %) (IC 95 % : 3,5–19,0) présentaient une hyperuricémie. Aucun de ces patients n’avait d’antécédent de crise de goutte. Les patients du tertile supérieur d’uricémie avaient une excrétion fractionnelle de l’urate plus faible comparé aux autres patients (4,5 % vs 6,8 %,p < 0,03), une créatininémie moyenne plus élevée (62,3 ± 17,1 μmol/L vs 51,5 ± 12,6 μmol/L,p < 0,01) et un chiffre de réticulocytes plus élevé (médiane 219 500/mm3 vs 144 000/mm3,p = 0,08).ConclusionLa prévalence de l’hyperuricémie et celle de la goutte ne semblent pas plus élevées que dans la population générale chez les patients drépanocytaires adultes vivant en France. Cependant, l’uricémie semble corrélée à la dégradation, même minime, de la fonction rénale. Il est donc utile d’être vigilant sur la fonction rénale et la néphroprotection lorsque l’uricémie de ces patients augmente.