Le but de cette recherche est d’identifier les facteurs de construction psychique des enfants juifs cachés en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Nous avons mené des entretiens semi-directifs auprès de 35 personnes. Trois d’entre elles permettront ici d’illustrer notre propos. Les résultats montrent que ces personnes ont vécu une enfance faite de traumatismes cumulatifs. L’impact de ces traumatismes commence en 1940 et se poursuit bien au-delà de la Libération. Enfants, ces personnes ont été la cible d’attaques de la filiation et de l’affiliation. Ils ont connu des pertes, des séparations, des privations. Ils ont été victimes d’humiliation et de maltraitances. Recouverts par le silence, ces événements traumatiques renforcent les facteurs de vulnérabilité influant sur le développement et la construction psychiques de ces enfants devenus adultes. Les troubles d’affiliation et identitaires sont identifiables. En parallèle, chacune de ces personnes est dans un mouvement dynamique de recherche de solutions à sa problématique d’existence, souvent dans un métissage d’affiliations.