Le glaucome est une neuropathie optique chronique caractérisée par un remodelage scléro-laminaire progressif. Le principal facteur à l’origine de ces déformations est la pression intraoculaire dont l’effet varie selon les propriétés biomécaniques oculaires de chacun. Dans cet environnement, la lame criblée représente une zone de faiblesse déformable au sein d’une coque cornéosclérale rigide. Il s’agit d’une structure dynamique dont les mouvements jouent un rôle clé dans la pathogenèse du glaucome : son déplacement postérieur, au-delà de participer à l’aspect caractéristique de l’excavation papillaire glaucomateuse, augmenterait les contraintes exercées sur les fibres nerveuses et les capillaires laminaires. Souvent considérées comme permanentes chez l’adulte, ces déformations possèdent pourtant un certain degré de réversibilité, mieux caractérisé grâce aux progrès de l’imagerie actuelle. La survenue d’un déplacement antérieur et d’un épaississement laminaire à la suite d’une réduction de la PIO pourrait ainsi constituer un facteur de bon pronostic en diminuant la contrainte mécanique appliquée sur cette région. Ces modifications tendraient à réduire la tortuosité des pores laminaires et le cisaillement axonal consécutif, mécanismes clés participant à la perte axonale dans le glaucome.