IntroductionLes kératites infectieuses (KI) sous lentilles de contact (LdC), bien que rares, sont une préoccupation majeure des ophtalmologistes et représentent un coût important pour la société. Leur prévention par une meilleure information portant sur les facteurs de risque notamment en matière d’hygiène et de mode d’utilisation paraît nécessaire. Cette étude multicentrique avait pour objectif de mettre en évidence les facteurs de risque d’apparition de KI sous LdC.Matériel et méthodeUne étude multicentrique rétrospective, de type cas-témoins a été réalisée avec un groupe de patients atteints de KI sous LdC comparé à un groupe de porteurs témoins grâce à un questionnaire anonyme de 52 items portant sur les données suivantes : démographie, motif et caractéristiques du port, type de lentilles, solution de désinfection, adaptation, formation et information du patient, hygiène et entretien des lentilles et antécédents du patient. Une régression logistique univariée a été effectuée pour comparer ces 2 groupes.RésultatsL’étude a inclus 497 patients dans le groupe cas et 364 témoins. Les facteurs de risque avec les plus importantsodds ratiosde KI sous LdC étaient les suivants : le port nocturne continu (OR = 2,96 [1,65–5,33],p < 0,001) ou intermittent (OR = 6,37 [4,55–8,90],p < 0,001), l’adaptation par un opticien (OR = 1,97 [1,38–2,83],p < 0,001), l’absence totale de consultation d’un ophtalmologiste (OR = 6,56 [2–22],p < 0,01) ou l’absence d’apprentissage au maniement (OR = 4,47 [2,27–8,77],p < 0,01), l’utilisation de produits de désinfection blancs (marques d’opticiens) (OR = 5,55 [3,12–9,85],p < 0,001), le mélange de solutions (top off) (OR = 4,68 [2,73–8,04],p < 0,001), l’absence de remplacement du boîtier (OR = 3,95 [2,28–6,82],p < 0,01), la non-observance des règles d’hygiène et le tabagisme (OR = 2,29 [1,67–3,14],p < 0,01). Les facteurs protecteurs de KI les plus importants étaient le sexe féminin (OR = 0,49 [0,36–0,66],p < 0,01), l’hypermétropie (OR = 0,28 [0,16–0,48],p = 0,01), le port de lentilles rigides, l’adaptation par un ophtalmologiste, l’information orale et écrite et l’entretien quotidien du boîtier.ConclusionLa connaissance de ces facteurs impliquent d’agir à tous les niveaux, pour diminuer l’incidence des KI, du prescripteur au patient en passant par le type de LdC, le boîtier ou la solution d’entretien.