IntroductionL’usage de l’interféron α s’est largement répandu ces dernières décennies, pour ses propriétés antivirales au cours de l’hépatite C chronique, mais aussi anti-tumorales et immuno-régulatrices dans le cadre de certaines tumeurs solides et hémopathies. Les effets indésirables les plus fréquents sont le syndrome pseudo-grippal et les syndromes dépressifs. La complication ophtalmologique la plus fréquente est l’association d’hémorragies rétiniennes et de nodules cotonneux, souvent d’ailleurs asymptomatique. Beaucoup plus rarement peuvent survenir des occlusions artérielles ou veineuses, et des neuropathies optiques.Matériels et MéthodesNous rapportons 3 cas de neuropathies optiques sous interféron α, survenues chez 2 patients traités pour une hépatite C et 1 autre traité pour un mélanome malin.RésultatsPour les 2 patients traités par l’association d’interféron α et de ribavirine pour une hépatite C chronique, la neuropathie optique ischémique antérieure (NOIA) était unilatérale avec une AV à 10/10 P2. Elle s’associait dans un cas à une rétinopathie à l’interféron. Ces troubles ont régressé à l’arrêt du traitement chez un patient ; pour l’autre, le traitement a été poursuivi compte tenu du caractère modéré de la neuropathie. Le 3epatient traité pour un mélanome malin sous mentonnier métastatique a présenté une névrite optique rétro-bulbaire bilatérale, avec baisse de l’AV à 4/10 p 6 ODG, persistant malgré l’arrêt du traitement.DiscussionLa fréquence des neuropathies optiques sous interféron varie selon les études mais reste globalement faible. Elle est souvent d’assez bon pronostic avec régression des lésions à l’arrêt du traitement. Toutefois de nombreux cas de baisse visuelle définitive sont rapportés, surtout en cas d’occlusion artérielle associée ou d’œdème maculaire. Les mécanismes physiopathologiques supposés reposent sur une origine auto-immune avec dépôts de complexes immuns sur les parois vasculaires.ConclusionLe risque de complications vasculaires rétiniennes et de neuropathies sous interféron α impose une vigilance accrue associant un examen ophtalmologique préalable au traitement et une surveillance rapprochée en cas d’anomalies au fond d’œil. Un arrêt du traitement ne s’impose qu’en cas d’atteinte sévère de la fonction visuelle, compte tenu de la gravité de la maladie ayant justifié la mise en route du traitement par interféron.