IntroductionLes saccades oculaires apportent l’objet d’intérêt sur la fovéa. Elles sont le moteur de la vision fine. Pour permettre une vision unie, la saccade oculaire doit être bien accordée aux deux yeux. Or la qualité de la coordination binoculaire est en partie apprise : en effet, pendant l’enfance, elle s’améliore lentement pour atteindre la qualité adulte à l’âge de 7-8 ans pour les saccades en vision lointaine, mais seulement à l’âge de 10–12 ans pour les saccades en vision proche. Cette différence d’évolution selon la distance suggère que l’amélioration de la coordination dépend de mécanismes centraux. Le cortex pariétal postérieur joue un rôle majeur dans la programmation de la saccade et de la vergence. Notre hypothèse est que le cortex pariétal postérieur est également l’un des sites majeurs impliqués dans la coordination binoculaire de la saccade.Matériels et MéthodesDouze sujets sains, 25 ans en moyenne, ont participé à cette étude. Chaque sujet était assis devant un écran d’ordinateur et fixait un point lumineux. Ce point disparaissait ; après une période de 200 ms dite gap, une cible apparaissait à droite, à gauche, en haut ou en bas de façon aléatoire. Une stimulation magnétique transcrânienne à impulsion unique était appliquée 100 ms après l’apparition de la cible sur le cortex pariétal postérieur. Celle-ci crée un champ magnétique qui interfère avec l’activité neuronale.RésultatsLa stimulation magnétique transcrânienne du cortex pariétal postérieur gauche ou droit a provoqué d’une part une détérioration de la qualité de la coordination binoculaire de la saccade, détérioration accentuée pour les saccades à droite et vers le bas. D’autre part, elle a provoqué une instabilité de l’angle de la vergence pendant la fixation.DiscussionNous en déduisons que le cortex pariétal postérieur est activement impliqué dans le contrôle de la coordination binoculaire des saccades et dans le maintien de l’angle de vergence pendant la fixation. Le cortex pariétal postérieur fait sans doute partie d’un réseau cortical et sous-cortical plus étendu contrôlant la qualité de la coordination binoculaire de la saccade. Ce réseau permettrait des mécanismes de plasticité cérébrale.ConclusionLes résultats ont des implications pour une meilleure compréhension des troubles oculomoteurs chez des enfants dyslexiques, chez des enfants avec un strabisme et chez des patients avec des lésions cérébrales.