ObjectifNotre objectif d’étude a consisté à caractériser un des deux matériaux impliqués dans une suture cornéenne : le tissu cornéen. Ceci a été réalisé afin d’obtenir une loi de comportement dans le but d’établir un modèle informatique de cette suture ophtalmologique.Matériels et MéthodesUn protocole a été mis au point et soumis à validation sur des cornées de porc. Des données préliminaires ont fortement laissé présupposer du caractère anisotrope de la cornée. Nous avons donc réalisé des essais en traction uni-axiale à l’aide d’une machine Instron sur des échantillons porcins standardisés et orientés selon 3 axes différents : horizontaux, verticaux et obliques. L’influence de 2 modes de conservation sur leur comportement a également été mesurée par rapport au tissu frais : l’organo-culture (conservation classique des greffons) et la congélation.RésultatsDeux domaines différents de déformation ont été pris en compte chez le porc. Sur de grands domaines de déformation, une rigidité plus importante a été constatée pour les axes verticaux et obliques que pour les axes horizontaux. Le comportement est élastique non linéaire. La congélation ne modifie pas l’élasticité cornéenne tandis que l’organo-culture la diminue. Sur les faibles domaines de déformation, domaine de l’acte chirurgical, la congélation altère le tissu cornéen tandis que l’on observe un comportement élastique linéaire dans les tissus frais et conservés par organo-culture. Pour ces domaines de faible déformation (environ 4 %), on peut introduire un module d’élasticité linéaire ou module d’Young (E) tel que E = Contrainte/Élongation.DiscussionLes résultats de l’étude confirment donc l’anisotropie du tissu cornéen. Elle montre également les modifications comportementales induites par l’organoculture sur le tissu cornéen ainsi que les modifications induites par la congélation. Celle-ci n’est donc pas un bon mode de conservation des échantillons expérimentaux et implique l’utilisation de tissu frais comme tissu de référence. On remarque aussi que les fils de suture ont une rigidité bien supérieure à la cornée.ConclusionLa poursuite de l’étude semble nécessaire chez l’homme sur des cornées conservées et refusées à la greffe.