IntroductionL’infection par le virus Herpès simplex 1 (HSV1) est caractérisée par une dissémination virale dans le système nerveux central (SNC) après la phase d’infection aiguë, avant une période d’infection latente, elle-même interrompue par des période de réactivation virale. Nos précédents travaux dans un modèle murin d’infection cornéenne faisant suite à une inoculation de la souche SC16 de HSV1 dans la lèvre ont montré que deux types de transcrits viraux s’accumulent pendant la période de latence dans le ganglion trigéminé, les classiques transcrits viraux associés à la latence (LAT pour Latency-Associated Transcripts) et les transcrits ICP0 qui codent la protéine ICP0, indispensable à la réactivation virale (Labetoulleet al, SFO 2004 à 2007). Ces observations devaient être comparées à celles obtenues dans le modèle de kératite induite par scarification cornéenne, utilisé par la plupart des autres équipes de recherche sur le sujet, et à celles obtenues avec la souche KOS de HSV1, fréquemment utilisée dans ce modèle.Matériel et méthodesLa souche sauvage SC16 de HSV1, ou la souche KOS, ont été inoculées dans la lèvre gauche ou la cornée de souris Balb/c, à des doses croissants (70 à 106 unités formant plages). Nous avons observé les animaux quotidiennement afin de réaliser des courbes de morbidité et de mortalité en fonction de l’inoculum. Les tissus des animaux ayant survécu à la primo-infection ont été analysés par amplification génique quantitative, pour l’expression des transcrits viraux pendant la phase de latence.RésultatsLa souche KOS apparaît nettement moins pathogène que la souche SC16, et le modèle de kératite par scarification cornéenne semble entraîner une inflammation persistante de la cornée, risquant de compromettre l’analyse de l’infection latente, à la différence du modèle de kératite après primo-infection orale. Ces données ont été corrélées à l’analyse quantitative des transcrits viraux.DiscussionLes résultats suggèrent que les données observées pendant la phase d’infection latente présumée varient significativement en fonction du modèle animal et de la souche virale utilisée.ConclusionLe modèle de kératite herpétique secondaire à une primo-infection orale, proche de l’histoire naturelle de l’infection herpétique humaine, présente l’avantage d’entraîner une réelle infection latente, c’est-à-dire sans réactivation virale à bas bruit compromettant l’analyse des données observées.