IntroductionL’intoxication aux antipaludéens de synthèse est rare mais grave. Les moyens de dépistage de cette rétinopathie toxique sont encore discutés. Les études les plus récentes considèrent l’électrorétinogramme multifocal comme l’examen le plus sensible pour détecter une atteinte rétinienne, par rapport à tous les autres moyens d’investigation.Matériels et MéthodesUne étude a été menée chez les patients adressés pour bilan fonctionnel visuel de suivi de traitement par antipaludéens de synthèse au long cours suivis en 2005 et 2006 dans 2 centres d’investigation. Ont été réalisés et analysés en particulier un électrorétinogramme global et un électrorétinogramme multifocal (programme 61 hexagones).RésultatsHuit patients ont présenté une intoxication rétinienne aux antipaludéens de synthèse objectivée par l’électrorétinogramme multifocal, alors que l’électrorétinogramme global était dans les limites de la normale des 2 laboratoires. En effet, l’analyse des pics N1 et P1 des électrorétinogrammes multifocaux de ces 8 patients a montré une diminution d’amplitude ainsi qu’une augmentation de leurs temps de culmination. La modification de ces paramètres traduit un dysfonctionnement de la rétine centrale. Cette altération électrophysiologique a été attribuée à la prise au long cours d’antipaludéens de synthèse. Le diagnostic d’intoxication rétinienne clinique a été porté chez 5 patients et d’intoxication pré clinique dans les 3 autres cas.DiscussionL’électrorétinogramme multifocal est un test objectif et quantitatif de la fonction maculaire qui permet de détecter une altération fonctionnelle de la rétine centrale, zone électivement atteinte en cas d’intoxication aux antipaludéens de synthèse. Il permet de préciser les résultats de l’électrorétinogramme global.ConclusionL’électrorétinogramme multifocal s’avère être une nouvelle technique d’exploration de la fonction maculaire. Il est donc particulièrement utile pour le dépistage précoce des intoxications aux antipaludéens de synthèse, l’intoxication rétinienne clinique restant en 2007 une pathologie iatrogène cécitante irréversible, et toujours sans traitement. L’électrorétinogramme multifocal participe maintenant à sa prévention.