IntroductionLa cataracte sénile est encore aujourd’hui au Maroc la principale cause de cécité. La technique la plus ancienne, connue depuis l’antiquité et pratiquée encore jusqu’au XIXesiècle en Europe, consistait à luxer le cristallin dans le vitré grâce à un stylet introduit dans l’œil au niveau de la sclère. Cette technique d’abaissement du cristallin, appelée « dadsie » au Maroc, peu fiable, persiste encore dans certains pays causant des dommages irréversibles.Matériels et MéthodesUne quarantaine de cas (46) a été colligée au service d’ophtalmologie durant les 5 dernières années. L’âge moyen des patients est de 70 ans, tous sont analphabètes ; la « dadsie » était bilatérale dans 20 % des cas ; l’acuité visuelle après correction était inférieure à 1/10 dans 75 % des cas ; les patients devenaient monophtalmes dans 25 % des cas. Les complications sont majoritairement représentées par la panophtalmie qui a conduit à l’éviscération dans 25 % des cas, mais aussi la dystrophie de cornée, présente dans plus de la moitié des cas, l’hypertonie oculaire, l’organisation vitréenne et le décollement de rétine.DiscussionLe traitement médical visait à lutter contre l’hypertonie (il était parfois débuté par le guérisseur qui prescrivait de l’acétazolamide ainsi qu’une pommade cortisonée…) mais aussi contre l’infection. Le traitement chirurgical a consisté en l’extraction du cristallin à l’anse et crochet, une vitrectomie avec l’utilisation de dékaline, voire l’éviscération. Plusieurs facteurs ont contribué au choix de cette méthode dangereuse par le patient, notamment la difficulté d’accès aux structures hospitalières et le prix de la « dadsie » aux alentours de 80 euros.ConclusionLes conclusions de ce travail soulignent le danger encouru par les patients victimes de cette pratique archaïque existant encore dans plusieurs pays en voie de développement.