IntroductionLa maladie de Vogt-Koyanagi-Harada est une panuvéite bilatérale caractérisée par un décollement séreux rétinien, multifocal associé à des signes neuroméningés, auditifs et dermatologiques. Le principal diagnostic différentiel à évoquer est l’ophtalmie sympathique que seule l’absence de traumatisme perforant du globe oculaire permet d’écarter. Nous présentons le cas d’une jeune femme opérée d’un décollement de rétine rhegmatogène et qui a présenté, 2 mois après, des manifestations typiques d’un syndrome de Vogt-Koyanagi-Harada dans sa forme la plus complète.Matériels et MéthodesFemme de 40 ans, ayant subi une chirurgie conventionnelle pour un décollement de rétine rhegmatogène de l’œil gauche (cryo-application, ponction du liquide sous-rétinien et indentation d’une déchirure en fer à cheval + injection de gaz SF6). 2 mois plus tard, alors que la rétine est complètement réappliquée, la malade présente une baisse brutale et bilatérale de la vision, précédée de céphalées et de nausées, pour laquelle elle revient en urgence à la consultation. L’examen oculaire montre : Une acuité visuelle réduite à « voit bouger la main aux deux yeux ». Les SA sont normaux à droite comme à gauche. Au fond d’œil un œdème papillaire franc avec plusieurs décollements séreux rétiniens du pôle postérieur aux deux yeux. L’audiogramme, la PL et l’EEG sont perturbés. L’angiographie fluorescéinique du fond d’œil montre un retard de remplissage choroïdien, des « pin points » avec une hyperfluorescence qui remplit les DSR. Les corticoïdes en bolus avec relais per os ont contrôlé complètement l’inflammation et l’œil gauche réopéré (ouverture de la déchirure). 6 mois plus tard, on assiste à une dépigmentation périlimbique et du fond d’œil ainsi que l’apparition d’un vitiligo d’une alopécie et d’une poliose.DiscussionTous les signes sont réunis pour poser le diagnostic de Vogt Koyanagi Harada, hormis la notion du traumatisme. Dans les critères proposés par l’AUS et l’ICN, la notion d’absence de traumatisme est une condition nécessaire pour poser le diagnostic de syndrome de Vogt Koyanagi Harada. L’ophtalmie sympathique peut présenter les mêmes signes mais la dépigmentation du fond d’œil et les autres signes extra-oculaires sont exceptionnels.ConclusionLa chirurgie conventionnelle du DR ne donne qu’exceptionnellement une ophtalmie sympathique (cependant la présence du traumatisme perforant par la ponction et l’injection de gaz est bien présente). S’agit-il d’un syndrome de Vogt- Koyanagi-Harada ou d’une ophtalmie sympathique ?