IntroductionL’objet de cette étude est de définir les aspects cliniques et microbiologiques, ainsi que l’éventuelle apparition de germes résistants à la Ciprofloxacine, chez les patients atteints d’une kératite bactérienne sévère, hospitalisés au CHU de Bordeaux, de mars 2005 à novembre 2006.Matériels et MéthodesIl s’agit d’une étude rétrospective portant sur les patients hospitalisés au CHU de Bordeaux de mars 2005 à novembre 2006. Une analyse statistique a été réalisée, évaluant l’âge moyen des patients, l’identification de facteurs de risque, l’aspect clinique initial avec acuité visuelle, le taux de prélèvements positifs, les types de germes retrouvés et l’éventuelle apparition de résistance à la Ciprofloxacine, objectivée par l’antibiogramme.Résultats96 patients, d’âge compris entre 1 et 86 ans, ont présenté une kératite bactérienne sévère entre mars 2005 et novembre 2006. Le facteur de risque le plus fréquemment rencontré reste le port de lentilles de contact. Le prélèvement cornéen a permis d’isoler un germe dans près de 58 % des cas. Alors que les Cocci Gram + restent légèrement plus fréquents, la prédominance du pyocyanique se confirme chez les patients porteurs de lentilles. Aucun germe retrouvé n’est résistant à la Ciprofloxacine.DiscussionLes caractéristiques microbiologiques des kératites bactériennes sévères sont différentes de celles suivies en dehors du milieu hospitalier. Le pronostic dépend à la fois de l’acuité visuelle initiale, de l’aspect clinique, mais aussi du germe incriminé, les bacilles Gram négatifs étant plus virulents. Contrairement aux travaux récents parus dans la littérature américaine, nous n’avons pas retrouvé de germes résistants à la Ciprofloxacine dans notre étude.ConclusionCette large série met en évidence d’une part le pronostic très réservé des kératites bactériennes sévères malgré un traitement adapté, et d’autre part, la nécessité de prescrire la Ciprofloxacine dans des indications bien définies afin d’éviter l’apparition de résistance.