IntroductionLe granulome de Majocchi est une dermatophytose profonde rare habituellement située sur les membres ou le visage mais pouvant se manifester sur toute zone pileuse. Son aspect clinique trompeur retarde le diagnostic et le traitement.ObservationsUne femme de 30 ans présentait une inflammation douloureuse du pubis depuis 10 jours. Elle n’avait aucun antécédent. Elle était célibataire avec un dernier rapport sexuel protégé il y a 3 mois. Elle avait un chat. À l’examen clinique elle présentait un placard inflammatoire pustuleux et croûteux du pubis et de la vulve, associé à des nodules inflammatoires et douloureux axillaires. Elle s’était rasée quelques jours auparavant. Les antibiotiques oraux et antifongiques locaux étaient inefficaces. Les sérologies virales, le bilan auto-immun et les prélèvements bactériologiques étaient négatifs. L’histologie cutanée montrait un infiltrat de leucocytes polymorphes à majorité PNN péri-annexiels et périvasculaires s’étendant jusqu’au derme profond. La coloration PAS était négative. Un prélèvement mycologique était réalisé, l’examen direct était négatif mais la culture était positive àTrichophyton mentagrophytes. Après un diagnostic final retenu de GM elle recevait un traitement par terbinafine 250 mg par jour pendant 12 semaines associé à la terbinafine locale. Cela permettait une régression complète des lésions. À 15 jours de traitement, des nouures inflammatoires et douloureuses des jambes apparaissaient. L’évolution de la couleur selon les stades de la biligénie évoquait un érythème noueux post-infectieux. Les lésions régressaient spontanément en quelques jours. Aucune récidive n’était constatée à 6 mois (Fig. 1 et 2).DiscussionLe GM est une présentation clinique rare de dermatophytose profonde. Il est le plus souvent causé parT. rubrummais pas exclusivement. Il se développe habituellement après un traumatisme ou un rasage entraînant le transfert du dermatophyte dans le derme suite à l’occlusion folliculaire. À notre connaissance, seulement 2 cas de GM pubiens ont été rapportés dans la littérature. La présence deT. mentagrophytess’explique par le contact rapproché avec son chat, la patiente dormait avec lui. L’examen vétérinaire à la lampe de Wood montrait la présence du dermatophyte. Le traitement par antifongiques oraux est obligatoire, les antifongiques topiques seuls étant inefficaces sur l’atteinte du derme profond. Un érythème noueux post-infectieux est peu courant mais possible, ne modifiant pas le traitement.ConclusionLe GM pubien est une entité clinique rare à évoquer devant une dermatose pubienne inflammatoire trainante et résistante aux traitements conventionnels. Cette entité clinique est à différencier du kérion par l’atteinte du derme profond associée à un infiltrat péri-annexiel. Les granulomes peuvent être absents sur la biopsie notamment dans des tableaux bruyants comme notre cas et laissent place à un infiltrat inflammatoire polymorphe.