IntroductionLa pemphigoïde bulleuse (PB) et la glomérulonéphrite extra-membraneuse (GEM) sont deux pathologies fréquentes de l’adulte mais leur association est rarement rapportée dans la littérature.ObservationUn homme de 67 ans était traité par adalimumab depuis 6 ans pour un psoriasis cutané. Quatre jours après des piqûres multiples de frelons, il développait un syndrome néphrotique sévère avec protéinurie à 11,92 g/24 h et hypoalbuminémie à 8 g/L. La biopsie rénale trouvait une GEM de type 1. Il présentait de façon concomitante une éruption cutanée bulleuse diffuse. L’histologie et l’immunofluorescence directe (IFD) confirmaient le diagnostic de PB. Les anticorps anti-BP 180 étaient élevés à 71 UA/mL. L’adalimumab était suspendu. Les autres causes secondaires de GEM étaient écartées. Une étude en immunofluorescence indirecte sur rein témoin ne montrait pas de fixation significative. Le patient était traité par corticothérapie orale à 1 mg/kg/j de prednisone et 4 cures de rituximab (375 mg/m2) avec, à 5 mois du début du traitement, une amélioration de la PB, de la fonction rénale et du syndrome néphrotique. Mais l’évolution était marquée par une rechute de la PB et du syndrome néphrotique à l’arrêt brutal de la corticothérapie par le patient, soulignant l’évolution synchrone de la PB et de la GEM. Un traitement par méthotrexate a été ensuite débuté, permettant une guérison de la PB et un sevrage de la corticothérapie. L’évolution sur le plan rénal a été également favorable (Fig. 1).DiscussionDans la littérature médicale, des cas sporadiques de PB ou de GEM induites par l’adalimumab sont décrites. De même, de rares cas de GEM et de pathologie bulleuse faisant suite à des piqûres d’hyménoptères sont rapportés. Dans une revue de cas multicentrique, il a été trouvé une association significative entre pemphigus et antécédents de piqûres d’hyménoptères. D’autre part, l’association de ces deux pathologies a rarement été rapportée. Les mécanismes physiopathologiques d’une telle association ne sont pas clairement établis. Parmi les hypothèses proposées, trois mécanismes pourraient être impliqués dans le cas de notre patient : la première hypothèse serait l’existence d’une réactivité croisée des anticorps anti-BPAg2 avec un épitope commun des membranes basales de la peau et du rein, mais chez notre patient la négativité de l’IFI sur rein témoin nous fait rejeter cette hypothèse. Une deuxième hypothèse serait la formation de complexes immuns circulants d’anti-BP180 avec dépôt secondaires dans la membrane basale glomérulaire, et enfin un évènement déclencheur commun aux deux pathologies : l’adalimumab ou les piqûres de frelons ?ConclusionBien que le mécanisme physiopathologique ne soit pas clairement élucidé, notre observation originale soulève l’hypothèse d’une cause commune à ces deux pathologies d’évolution synchrone.