IntroductionL’utilisation des immunothérapies anti-PD-1 a amélioré le pronostic des cancers métastatiques mais est associée à des toxicités immunomédiées importantes. Les effets secondaires cutanés sont fréquents et la survenue de vitiligo est estimée à 25 % des patients traités. L’objectif de cette étude est de caractériser cliniquement et biologiquement les lésions « vitiligo-like » survenant chez des patients traités par anti-PD-1.Matériel et méthodesCette étude observationnelle prospective monocentrique a inclus les patients ayant présenté des lésions « vitiligo-like » après traitement par anti-PD-1 (pembrolizumab ou nivolumab). Comme contrôle, des patients suivis pour un vitiligo spontané ont été inclus de façon prospective. Les caractéristiques démographiques et cliniques ont été colligées. Pour certains patients des prélèvements sanguins et cutanés ont été analysés par cytométrie en flux ou par immunofluorescence.Résultats8 patients ont présenté des lésions « vitiligo-like » sous anti-PD-1. Tous les patients ont développé des lésions sur des zones photoexposées (face, cou, décolleté, dos, dos des mains, face externe des bras) avec de multiples petites macules dépigmentées confluentes, sans phénomène de Koebner. Aucun patient n’avait d’antécédent personnel ou familial de maladie auto-immune. Comparativement, 30 patients atteints de vitiligo ont été inclus, pour lesquels des lésions maculeuses de grande taille étaient de localisation plus classique et présentaient une distribution sur les zones de frictions chroniques associée au phénomène de Koebner (péri-buccale, péri-oculaire, lisière du cuir chevelu, poignets). Seize à 30 % de ces patients avaient des antécédents personnels ou familiaux de maladies auto-immunes. L’analyse des échantillons sanguins et cutanés a révélé des concentrations élevées de CXCL10 dans le sérum de patients développant des lésions « vitiligo-like » associées à une infiltration cutanée de lymphocytes T CD8 exprimant le récepteur CXCR3 (ligand du CXCL10) et produisant des taux élevés d’IFNγ et TNFα (Fig. 1 et 2).DiscussionLes lésions devitiligo-likeinduites par les anti-PD-1 (zones photoexposées) semblent différentes des zones classiques du vitiligo spontané. Ces localisations sont similaires à celles décrites dans l’étude de Hua C et al. suggérant une association à une meilleure réponse aux anti-PD-1. L’apparition de ces lésions semble s’accompagner d’une réponse inflammatoire exagérée. L’ensemble des données suggère un mécanisme pathogénique différent du vitiligo spontané, par une attaque du système immunitaire activé par l’immunothérapie ciblant des mélanocytes localisés sur les zones photoexposées et/ou lentigos partageant des antigènes communs avec la cible tumorale.ConclusionLes caractéristiques cliniques et biologiques des lésions « vitiligo-like » sous anti-PD-1 diffèrent du vitiligo spontané, suggérant un mécanisme pathogénique différent.