IntroductionLe granulome à corps étrangers (GCE) correspond à une réaction tissulaire inflammatoire en réponse à un matériel exogène ou endogène. L’histologie intéresse une inflammation polymorphe granulomateuse avec cellules de type « corps étrangers ». Nous rapportons la survenue de GCE faciaux après embolisation artérielle cervico-faciale.ObservationsTrois patients recevaient une embolisation artérielle sphéno-palatine et faciale par microparticules Embogold®dans le cadre d’épistaxis. Ils présentaient 2 à 6 semaines après des douleurs faciales homolatérales intenses avec trismus et apparition de nodules sous cutanés jugaux, labiaux et périorbitaires. L’imagerie objectivait des lésions sous cutanées d’allure granulomateuse. Pour le cas no 1 était effectuée une exérèse chirurgicale d’un nodule labial, dont l’incision laissait déverser de nombreuses microbilles. Les histologies d’une lésion labiale (cas no 1) et de celle du canthus (cas no 2) étaient compatibles avec un GCE. L’évolution était spontanément favorable pour le cas no 2. Un traitement par colchicine 1 mg/jour était débuté pour les autres cas, avec diminution rapide des lésions pour le 1er cas. Le cas no 3 était perdu de vue. Les évènements indésirables étaient déclarés auprès de la matériovigilance et le produit retiré de la pharmacie hospitalière (Fig. 1 et 2).DiscussionLes GCE de la face se voient habituellement après actes esthétiques. Nous rapportons pour la première fois la survenue de GCE faciaux après embolisation. Embogold®500–700 μm du laboratoire Biosphere Medical était utilisé dans notre hôpital depuis 10 ans. Il s’agit de microsphères biocompatibles de polymère acrylique imprégnées de gélatine porcine et colorées à l’or. Les incidents sont survenus avec deux opérateurs et trois lots de produits différents, et l’analyse rétrospective des produits par le laboratoire a été sans particularité. Les effets inflammatoires locaux induits par l’embolisation de microsphères sont connus, et peuvent induire un syndrome post-embolisation douloureux, plus précoce et fugace que dans nos cas. La migration intratissulaire des microsphères à distance des sites embolisés a pu être favorisée par la richesse anastomotique de la vascularisation faciale, la déformabilité des billes, et leur action pro-inflammatoire majeure pouvant entraîner une destruction de la paroi vasculaire. Quelques publications rapportent des GCE tissulaires à divers agents d’embolisation cérébrale, coronaire, gastrique et utérine, dont deux articles avec des microbilles équivalentes à Embogold®.ConclusionBien qu’exceptionnels, ces trois cas illustrent l’intérêt d’évoquer un GCE devant l’apparition de nodules faciaux dans les suites d’une embolisation artérielle de la sphère ORL. Le choix de microparticules peu pro-inflammatoires permet d’optimiser la tolérance locorégionale. La colchicine paraît être une alternative intéressante dans la gestion thérapeutique des GCE.