IntroductionLa survenue de cancers cutanés chez les patients greffés d’organe est fréquente du fait de l’immunosuppression induite. Dans la majorité des cas, il s’agit de carcinomes ou de lymphomes B viro-induits par l’EBV (Epstein Barr Virus). Les lymphomes cutanés T sont exceptionnels. Nous rapportons un cas de lymphome cutané T de type mycosis fongoïde chez un patient greffé cardiaque.ObservationUn homme de 68 ans, greffé cardiaque depuis 21 ans, traité par tacrolimus, mycophénolate mofétil et prednisolone, présentait depuis quatre ans une éruption psoriasiforme du tronc, des membres et de la tête résistant à la PUVAthérapie et aux dermocorticoïdes. La biopsie cutanée était en faveur d’un lymphome cutané T épidermotrope. Il n’y avait pas d’altération de l’état général ni d’adénopathie. L’étude en biologie moléculaire trouvait un réarrangement clonal du T-Cells Receptor (TCR) dans le sang et la peau. La recherche de cellules de Sézary circulantes était négative et le TEP-scanner (tomographie à émission de positons) ne mettait pas en évidence de localisation extracutanée. Les applications locales de méchloréthamine étaient peu efficaces. Le bexarotène, compliqué de dysthyroïdie et d’hypertryglycéridémie, n’était pas efficace. Le méthotrexate était contre-indiqué par une insuffisance rénale chronique (liée aux inhibiteurs de la calcineurine) et l’interféron proscrit dans ce contexte de greffe cardiaque. Le patient a finalement reçu de la gemcitabine, efficace initialement mais compliquée d’un choc septique entraînant le décès.ConclusionMême si cette association pourrait être fortuite, la survenue d’un lymphome cutané T de type mycosis fongoïde chez un patient greffé cardiaque doit être signalée. Le contexte de greffe avec immunodépression entraîne des difficultés particulières pour le traitement du mycosis fongoïde.