IntroductionLes « bécégites » (BCGites) sont des complications rares spécifiques du vaccin par le bacille de Calmette et Guérin BCG. Elles se présentent souvent sous la forme de réaction locale bénigne. Des formes disséminées graves peuvent survenir sur un terrain de déficit immunitaire (DI).Patients et méthodesUne étude rétrospective de tous les cas de BCGite chez des enfants suivis dans les services de dermatologie et/ou de pédiatrie sur une période de 9 ans (2005–2014) était réalisée.RésultatsNotre série comportait 9 enfants âgés en moyenne de 20 mois. Hormis un enfant ayant un syndrome de Dandy-Walker, les autres étaient en bonne santé. Les lésions de BCGite apparaissaient en moyenne 15 mois après la vaccination par le BCG. Dans 5 cas, la BCGite était localisée sous forme de tuméfaction sous-cutanée. Les lésions se fistulisaient dans 3 cas. L’antibiothérapie (ATB) et les soins locaux permettaient leur cicatrisation dans un délai allant de 2 à 7 mois. Une exérèse était réalisée dans 2 cas (lésions non fistulisées), l’examen anatomopathologique concluait à une BCGite. Quatre enfants avaient une BCGite disséminée sous forme d’atteinte ganglionnaire, osseuse, cutanée ou hématologique, avec fièvre et altération de l’état général. Les prélèvements bactériologiques étaient négatifs et l’ATB probabiliste, inefficace. Le diagnostic de BCGite était porté grâce à une biopsie. L’exploration biologique de l’immunité (réalisée chez 3 patients) révélait un DI. Le traitement consistait en une quadrithérapie antituberculeuse. Deux de ces enfants sont décédés après état de choc septique et défaillance multi-viscérale.DiscussionLe vaccin BCG, destiné à protéger contre la tuberculose (TB), est administré en période néonatale et fait partie du calendrier vaccinal dans nombreux pays dont le nôtre. Suite à l’injection intradermique, une réaction granulomateuse se produit au site d’inoculation. La dissémination systémique du BCG est possible, mais des signes d’une infection authentique (TB-maladie) sont rares. La fréquence des BCGites varie selon les études de 0,2‰ à 3 %. Leur délai d’apparition par rapport à la vaccination est variable. Parfois, l’atteinte est localisée (cutanée), rappelant le scrofuloderme, avec ou sans lymphadénite régionale suppurative. Une ulcération ou une abcédation peuvent survenir ensuite. Cependant, la guérison spontanée est habituelle. La BCGite dans sa forme disséminée, souvent rencontrée dans le cadre d’un DI, est plus rare et plus grave. Elle peut se présenter sous forme d’éruption papuleuse généralisée ou de nodules sous-cutanés diffus, de lymphadénopathies superficielles et profondes, d’ostéomyélite, etc.ConclusionLa BCGite doit être évoquée chez tout enfant vacciné par le BCG ayant des lésions cutanées évocatrices ou des signes d’infection systémique ayant résisté aux ATB habituels. Un DI doit être recherché dans les formes disséminées. Le vaccin BCG peut être déconseillé en cas d’antécédents personnels ou familiaux de DI.