IntroductionLa connaissance des facteurs de risque de l’érysipèle de jambe permet de mieux élaborer des stratégies efficaces pour sa prise en charge. Des études antérieures menées en Europe et en Tunisie ont mis en évidence le lymphœdème et les intertrigos inter-orteils comme des facteurs indépendants associés aux érysipèles de jambe. La présente étude cas-témoins avait pour objectif d’identifier les facteurs de risque associés à l’érysipèle de jambe en Afrique subsaharienne, dans un contexte socio-économique et culturel différent.Patients et méthodeIl s’agissait d’une étude prospective multicentrique cas-témoins menée en milieu hospitalier dans les services de dermatologie de huit pays d’Afrique au Sud du Sahara durant une période de 13 mois. Les cas étaient des patients souffrant d’un premier épisode d’érysipèle de jambe et chaque cas était apparié à deux témoins par sexe et par âge (±5 ans). Nous avons analysé les facteurs locaux et généraux collectés.RésultatsDurant la période d’étude, 364 patients atteints d’érysipèle de jambe (223 femmes et 141 hommes) ont été appariés à 728 témoins. L’âge moyen des cas était de 42,15 ± 15,15 ans et celui des témoins était de 42,11 ± 36 ans. En analyse multivariée, l’obésité (OR = 2,82 ; IC 95 % : 2,11–3,76), le lymphœdème (OR = 3,87 ; IC 95 % : 2,17–6,89), la pratique de la dépigmentation cosmétique volontaire (OR = 4,29 ; IC 95 % : 2,35–7,83), l’existence d’une plaie traumatique négligée (OR = 37,92 ; IC 95 % : 24,9–57,2) et l’intertrigo inter-orteils (OR = 37,86 ; IC 95 % : 22,27–64,5) étaient les facteurs significativement associés aux érysipèles de jambe. Les facteurs comme le diabète, l’éthylisme chronique ou l’infection par le VIH n’étaient pas identifiés dans notre étude.ConclusionNotre étude a permis de confirmer le rôle important des facteurs de risque locaux comme le lymphœdème, les plaies négligées et l’intertrigo inter-orteils, déjà identifiés dans d’autres contextes géographiques. L’originalité de notre étude est la mise en évidence de la dépigmentation cosmétique volontaire comme facteur de risque des érysipèles de jambe en Afrique subsaharienne. La connaissance et la prise en compte de ces facteurs de risque permettront d’optimiser les stratégies thérapeutiques des érysipèles.