IntroductionLes granulomes post-vaccinaux (GPV) se caractérisent par un placard persistant prurigineux infiltré ou nodulaire, érythémateux, pileux et mal délimité. L’augmentation de fréquence de ces lésions interroge sur les facteurs de sensibilisation à l’aluminium chez le jeune enfant, et en particulier le rôle de la lidocaïne en patch (Milpied et al. Contact Dermatitis, 2012). À l’aide d’une étude cas-témoins, notre objectif était de rechercher un lien entre différentes sources de contact précoce avec l’aluminium et la survenue de GPV.Patients et méthodesLes membres du groupe de recherche clinique de la SFDP et du groupe Revidal-GERDA ont été sollicités pour inclure les cas de GPV au cours de la période juillet 2013-mai 2014. Pour chaque patient inclus, 2 témoins appariés en âge et en sexe étaient recrutés. Un questionnaire standardisé rempli par les parents informait sur les items suivants : nombre de doses vaccinales reçues ; application de patch ou de crème à la lidocaïne ; usage de topiques contenant de l’aluminium ; alimentation lors des premiers mois de vie (présence d’aluminium dans les laits artificiels). La recherche d’une sensibilisation à l’hydroxyde d’aluminium était réalisée par patch-tests.RésultatsSoixante-quatre patients et 128 témoins ont été inclus. Le sex-ratio H/F était de 0,66 ; l’âge moyen de 4,5 ans (6 mois–14 ans). Dans 82 % des cas, le GPV siégeait à la face antérieure de cuisse. L’âge moyen d’apparition des nodules était de 18 mois ; 39/44 avaient un patch-test positif pour l’aluminium. Il n’y avait pas de différence entre les 2 groupes vis-à-vis de l’exposition à la lidocaïne locale ni à d’autres topiques contenant de l’aluminium (protecteurs solaires, déodorants, antiperspirants, pierre d’alun, talc). En revanche, les enfants du groupe témoin avaient plus fréquemment reçu un allaitement artificiel (32 %) et moins souvent un allaitement maternel (56 %) que les cas (respectivement 21 % et 66 %).DiscussionNotre étude rapporte la plus grande série multicentrique de GPV de l’enfant et confirme qu’une allergie de contact à l’hydroxyde d’aluminium y est associée dans près de 9 cas sur 10. Contrairement aux hypothèses récemment émises, l’étude cas-témoins ne montre pas de lien entre l’application de lidocaïne locale en patch (ou d’autres topiques libérateurs d’aluminium) et la survenue des GPV. L’utilisation plus fréquente de lait artificiel dès les premiers mois dans le groupe témoin suggère que l’exposition orale à l’aluminium favoriserait la tolérance. Un facteur limitant de notre étude est de ne pas avoir pu analyser précisément la voie d’administration des vaccins reçus dans les 2 groupes (strictement intramusculaire, ou en partie sous-cutané). Compte tenu d’une meilleure diffusion hors du territoire cutané avec la voie intramusculaire, l’hypothèse selon laquelle l’injection sous-cutanée, au moins partielle, favorise la survenue de GPV, demeure.