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Nouvelle classe émergente à risques : les « nitazenes » : à propos du 1er cas national d’addictovigilance

Auteurs : Savignat V1, Guillou M2, Cherki S3, Philippe V1, Leboisselier R1
Affiliations : 1Centre d’addictovigilance de Caen Bretagne-Normandie, service de pharmacologie, CHU de Caen, 14000 Caen, France2Service addictologie de Liaison, CH de la Cavale Blanche, CHU de Brest, 29200 Brest, France3Unité FOCUS, projet SINTES–OFDT, 75700 Paris, France
Date 2022 Novembre, Vol 77, Num 6, pp 781-781Revue : TherapiesDOI : 10.1016/j.therap.2022.10.052
PO34
Résumé

IntroductionUn syndrome de sevrage rapporté en AddictoVigilance, survenu chez un patient de 25 ans après consommation d’ « analogue » d’oxycodone a permis d’identifier le premier cas français d’usage de métonitazène.Matériel et méthodeAprès une revue de la littérature nous exposons les données pharmacologiques et toxicologiques concernant une nouvelle classe émergente de substances psychoactives.RésultatsLe métonitazène est un nouvel opioïde de synthèse appartenant à la classe des 2-benzylbenzimidazoles récemment apparus sur le marché des drogues, avec l’identification en mars 2019 de l’isotonitazène simultanément en Suisse, Estonie et États-Unis. Vendues sous forme de poudre ou de liquide (env. 60 euros le gramme), ces substances sont utilisées principalement par voie injectée ou orale, plus rarement nasale, par des usagers d’opioïdes. Synthétisés pour la première fois, à la fin des années 1950, les 2-benzylbenzimidazoles présentent une forte affinité aux récepteurs μ-opiacés (ex étonitazène, Ki = 0,2 nM vs 1,1 nM pour la morphine). L’action agoniste est démontrée avec une efficacité nettement supérieure à la morphine : EC50 (nM) : étonitazène 0,661, isotonitazène 1,63, métonitazène 8,14, clonitazène 140, morphine 338. L’équianalgésie morphinique est de Étonitazène (1000) > métonitazène (100) > morphine (1) chez la souris et de Étonitazèn e(100) > métonitazène (10) > morphine (1 (chez l’homme. Cette activité est bloquée par la naloxone. Une étude de toxicité aiguë chez la souris établit une toxicité supérieure à la morphine, avec (DL50 IV en mg/kg) : étonitazène (1) > métonitazène (50) > morphine (200). Le potentiel d’abus et de dépendance est démontré chez l’animal : des doses croissantes d’étonitazène (2,5–15 μg/kg) et de morphine (1–80 mg/kg) produisent un effet dose-dépendant de préférence de place. Un essai clinique allemand, publié en 1958, rapporte un effet analgésique, avec des effets in- désirables de type somnolence, vertige, confusion, nausée, et vomissement. Une dépression respiratoire avec cyanose a été observée chez 1/5 des patients traités par une injection SC ou IM de 1 mg de métonitazène. Dans un des cas, un coma a nécessité un traitement par nalorphine.ConclusionCes substances ont émergé aux États-Unis et en Europe en mars 2019, maintenant en France. L’isotonitazène a déjà été identifié dans 18 cas de décès aux États-Unis, 3 au Canada et 2 en Europe (Allemagne et Grande Bretagne) en 2019 et 2020. Le suivi national d’addictovigilance de cette nouvelle classe de produits de synthèse, comprenant des substances bien plus puissantes que la morphine, sur le territoire national devient un enjeu majeur de santé publique.

Mot-clés auteurs
2-benzylbenzimidazoles; Métonitazène; Opiacés; NPS; Signal émergent; Addictovigilance;

Des descripteurs MeSH seront prochainement assignés à cet article.

 Source : Elsevier-Masson
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Savignat V, Guillou M, Cherki S, Philippe V, Leboisselier R. Nouvelle classe émergente à risques : les « nitazenes » : à propos du 1er cas national d’addictovigilance. Therapie. 2022 Nov;77(6):781-781.
Courriel(Nous ne répondons pas aux questions de santé personnelles).
Dernière date de mise à jour : 05/01/2023.


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