IntroductionLes erreurs médicamenteuses sont parmi les plus fréquents des évènements indésirables associés aux soins en France. La méthodologie de gestion des erreurs médicamenteuses utilisée en milieu hospitalier n’a pas fait l’objet d’études spécifiques en milieu ambulatoire.ObjectifsL’objectif principal de notre travail était d’expérimenter la gestion des erreurs médicamenteuses en soins primaires. Les objectifs secondaires étaient de caractériser ces erreurs et d’analyser leurs causes profondes pour mettre en œuvre des actions correctives. Méthodologie L’étude a été mise en place dans une maison de santé pluriprofessionnelle en appliquant les étapes et les outils validés et préconisés par la Haute autorité de santé que nous avons adaptés à la pratique ambulatoire.RésultatsPendant les 3 mois de l’étude, 4712 consultations médicales ont été effectuées et 64 erreurs médicamenteuses ont été recueillies. Elles concernaient les patients aux âges extrêmes de la vie (9,4 % avant l’âge de 9 ans et 64 % après 70 ans) et survenaient au domicile du patient dans 39,1 % des cas, à la maison de santé dans 25,0 %, à la pharmacie dans 17,2 %. Les erreurs ont conduit à une atteinte clinique grave (classée majeure, critique ou catastrophique) dans 17, 2 % des cas. Des effets indésirables dus aux médicaments sont survenus dans 5 cas (7,8 %) dont 3 ont été hospitalisés (1 cas d’évolution favorable, 1 cas avec séquelles, 1 décès). Dans plus de la moitié des cas, la prescription était l’étape initiale de survenue de l’erreur. Les erreurs les plus fréquentes étaient l’erreur de médicament qui ne correspondait pas à celui qu’aurait dû recevoir le patient (37,5 %) et la mauvaise observance (18,75 %). Les causes systémiques mises en évidence étaient : un défaut dans le processus de soins (coordination ou procédure), le contexte d’action du soignant (lieu de prise en charge, exécution d’un acte non planifié, ou surcharge de travail), et les facteurs humains (état du patient et du soignant). L’adhésion des personnels de santé à l’étude a été excellente avec mise en œuvre d’actions correctives.ConclusionCette étude a démontré qu’il était possible mettre en œuvre la gestion des erreurs médicamenteuse en médecine générale au sein d’une équipe pluriprofessionnelle. Les conditions préalables au succès de cette démarche sont la présence d’un coordonnateur formé au sein de l’équipe, et l’utilisation de méthodes et d’outils validés et simples d’utilisation. Ce travail révèle également que les erreurs médicamenteuses en ambulatoire sont spécifiques de l’organisation du circuit de soins avec des points de fragilité tels que les interfaces entre établissements et domicile, la coordination des soins et l’implication du patient lui-même dans sa prise en charge.