Contrairement à la plupart des recherches sur les activités de travail centrées sur des « centres de coordination » stables et nettement délimités dans le temps et dans l’espace, cet article traite d’un type d’organisation du travail presque opposé : un travail qui requiert la contribution active de combinaisons de personnes et d’artefacts en reconfiguration constante, œuvrant au gré de trajectoires temporelles étendues, et largement distribuées dans l’espace. Pour décrire ces situations étudiées dans le secteur de la santé publique, l’article propose le concept deknotworking, ou travail en nœud. Cette notion fait référence à l’orchestration d’une performance collaborative, distribuée et partiellement improvisée entre des acteurs ou des systèmes d’activité par ailleurs faiblement connectés entre eux. Pour examiner ce phénomène de plus près, l’article analyse d’abord une séquence deknotworkingcentrée sur les premiers soins reçus par une malade mentale. Puis, il passe à l’analyse d’une tentative d’institutionnalisation de ce mode de coopération chez les personnels chargés d’assurer les soins pédiatriques dans la région d’Helsinki en Finlande. Il examine les défis que leknotworkingpose aux études du travail inspirées par la théorie de l’activité. Enfin, il esquisse une vision dans laquelle les sources futures duknotworkingpourraient bien résider dans la production socialement médiée par Internet et dans des schémas largement distribués d’organisation du travail.